Master Gardener

Au cinéma le 5 juillet 2023

© The Jokers Films

Après Sur le chemin de la rédemption et The Card Counter, Paul Schrader signe avec Master Gardener le dernier volet de sa trilogie dite bressonnienne. Au risque de lasser les spectateurs, le cinéaste reprend les thèmes qui l’obsèdent – la violence, le pardon, la vengeance – autour d’une métaphore cette fois-ci végétale. Narvel Roth (Joel Edgerton), jardinier taiseux et méticuleux, s’occupe avec soin de Gracewood Gardens, le parc de la vénéneuse Mrs Haverhill (Sigourney Weaver). Lorsque celle-ci lui demande d’engager sa petite-nièce Maya (Quintessa Swindell) comme apprentie, il accepte bon gré mal gré. Mais côtoyer cette dernière fait ressurgir chez lui un passé sombre dont son corps porte encore les stigmates.

Exit le révérend, exit le joueur de poker ; après Martine à la messe et Martine à Vegas, Martine jardine. L’acteur change, mais le personnage semble demeurer identique : même solitude, même air taciturne, même journal intime, même cheveux gominés. La ligne est très fine entre variation et répétition, et quand bien même on admire le geste cinématographique maîtrisé de Paul Schrader, l’âpreté de sa mise en scène, il serait peut-être temps de labourer un autre sol pour ce qui concerne la narration.

Le cinéaste s’y hasarde en faisant de l’horticulture la métaphore du film. Le sublime et hypnotique générique d’ouverture, montrant des fleurs en pleine éclosion, donne le ton, dans ce qui pourrait être un hommage à Georgia O’Keeffe. Il est toutefois dommage que les fleurs soient progressivement évacuées de l’écran : elles deviennent de simples amorces de plan, puis un décor, avant de disparaître dans le hors-champ après que Narvel et Maya aient quitté Greenwood Gardens. Il n’en demeure pas moins qu’elles forment une superbe toile de fond – à défaut de plus –, qui permet à Schrader d’établir de francs contrastes entre la violence qui habite le protagoniste et le calme qui caractérise les jardins (par exemple lorsque le bruit d’une arme à feu cède la place à celui d’un arroseur automatique).

Bien que l’on puisse trouver redondante la variation que propose Paul Schrader avec Master Gardener, celle-ci se distingue de ses précédents films par la réponse lumineuse qu’elle apporte à la possibilité d’une rédemption. À la sortie du film, il semble que le cinéaste ait fait sien le mantra qu’arborait Maya sur son t-shirt au début du film : « No Bad Vibes ». Faut-il espérer que ça dure ?

Master Gardener / De Paul Schrader / Avec Joel Edgerton, Sigourney Weaver, Quintessa Swindell / États-Unis / 1h50 / Champs-Elysées Film Festival – avant-première / Sortie le 5 juillet 2023.

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