« Who gives a fuck about movies » scande Scream VI dès son introduction, annonçant consciemment ou non la proposition anti-cinématographique qui suivra. Un an après avoir massacré une saga déjà faible avec leur odieux cinquième opus, le duo formé par Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett rempile pour achever avec une médiocrité presque salutaire leur travail de fossoyeurs.
Un bateau en pleine tempête, quelques policiers et prisonniers agités, une mystérieuse entité dans la soute et la promesse d’un carnage sanguinolent. Sentiment de déjà-vu ? C’est normal.
Par une séquence a priori banale, le nouveau-né de Damien Chazelle déploie sa note d’intention. Tel un “jumeau maléfique” de Chantons sous la pluie ayant troqué sa joyeuseté pour un portrait doux-amer, Babylon sera une œuvre folle, révélant les coulisses débauchées du vieil Hollywood.
Que ce soit en fiction (Los exiliados románticos, La Reconquista et plus récemment Eva en Août) ou en documentaire (Qui à part nous ?), Jonás Trueba a très vite su dépeindre la jeunesse espagnole du XXIe siècle, ses questionnements moraux, existentiels, amoureux. Venez Voir ajoute une nouvelle pierre à l’édifice, en suivant deux couples d’amis qui se retrouvent après plusieurs mois. Mêmes acteurs, mêmes questionnements, même esthétique solaire : pas de doutes, nous sommes ici en terrain connu, à la croisée des thématiques de Rohmer et de l’économie des films de Hong Sang-Soo. L’auteur compose encore une fois avec un dispositif épuré, en aucun cas tape-à-l’œil, qui se fait observateur de scénettes quotidiennes, où la part entre écriture et improvisation est agréablement floue.
De son premier (Kicking & Screaming) jusqu’à son dernier film (Marriage Story), modestie et délicatesse sont les maîtres-mots de Noah Baumbach. Son cinéma fait la part belle aux différents points de vue et à la banalité du quotidien pour mieux cerner la chaleureuse humanité de ses héros et héroïnes. Il est donc surprenant de voir le jeune Américain revenir sous la tutelle de Netflix avec White Noise, long-métrage au budget conséquent de 80 millions de $ – soit quatre fois supérieur à son précédent – adapté du roman éponyme de Don DeLillo.
Finie l’atmosphère automnale de À couteaux tirés et la fausse chaleur de sa grande demeure familiale, Benoit Blancse frotte désormais à la chaleur estivale et aux faux-semblants des super-riches, sur une île paradisiaque tenue par un magnat multimilliardaire. Plus exubérant et énergique que le premier film, déjà réalisé par Rian Johnson, Glass Onion embrasse les excès de ce nouveau cadre pour mieux exposer son ridicule. Dialogues outranciers, kitsch assumé, jeu de non-dits, name-dropping abusif : Johnson s’en donne à cœur joie et fustige, davantage que son prédécesseur, la superficialité de cette élite autoproclamée, paradoxalement emprisonnée dans l’entre-soi qu’elle a bâtie.
Quoi de mieux que la montagne, lieu aux mille reliefs, aussi reclus qu’ouvert sur le monde, pour incarner à l’écran le décor d’une amitié forte et tortueuse, s’écoulant sur plus de vingt ans ? Adaptée du livre Les Huit Montagnes de Paolo Cognetti, cette idée ambitieuse offre à Felix Van Groeningen, co-réalisant pour la première fois avec sa compagne Charlotte Vandermeersch, l’occasion de déplacer son genre de prédilection – le mélodrame – dans le cadre idyllique des Alpes italiennes.
2009, 2022 : treize ans ont passé depuis le premier Avatar mais peu de choses ont changé. Le système hollywoodien s’essouffle, ses productions se multiplient autant qu’elles se ressemblent et James Cameron compte encore remédier à tout ça, avec Avatar : La voie de l’eau.
Imaginé par Carlo Collodi en 1881, Pinocchio semble être de ces contes qui ne cessent de trouver grâce et intérêt aux yeux des cinéastes, depuis l’adaptation de Giulio Antamoro en 1911. Après le catastrophique remake orchestré par Robert Zemeckis chez Disney en septembre dernier, c’est au tour de Guillermo Del Toro, passionné depuis ses débuts par les freaks, de poser un nouveau regard sur l’œuvre de l’auteur italien.
Alors que Les Chiens Errants semble marquer l’apogée stylistique de Tsai Ming-liang, Days présente encore un pas de plus vers l’idéal méditatif du cinéaste.