Anatomie d’une Chute

Festival de Cannes 2023

© Le Pacte

Le film de procès est un genre en soit au cinéma, le tribunal a semble-t-il quelque chose d’attrayant à la mise en scène, sa propre propension aux décors et costumes sûrement. Attrait toujours d’actualité, puisque Cannes a aussi vu cette année Le Procès Goldman de Cedric Kahn, tout comme sortait Mon Crime de François Ozon en début d’année. Justine Triet prouve avec Anatomie d’une chute que le genre est non seulement vivace mais qu’il est encore propice à la réinvention.

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Les Feuilles mortes

Festival de Cannes 2023

© Sputnik

Dans Les Feuilles mortes, Aki Kaurismäki livre un film d’une grande tendresse sur les rencontres furtives entre deux personnages en quête de tout et de rien. Deux personnages qui se trouvent mais qui ont du mal à ne pas se perdre…

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J’ai vu le visage du Diable

Festival de Cannes 2023

© Venin Films

Cinquante ans après L’Exorciste, les démons continuent de hanter les États-Unis et nous tourmentent avec des horror flicks oubliables produits à la chaîne, comme La Proie du diable l’année dernière ou L’Exorciste du Vatican aujourd’hui. À l’Est, dans les forêts désertes et glaciales de la Pologne, la réalisatrice Julie Kowalski décortique à son tour l’influence du Malin sur l’esprit d’une adolescente innocente… à moins que la menace ne soit plus pernicieuse encore ?

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Omar la fraise

Festival de Cannes 2023 – actuellement au cinéma

© StudioCanal

Deux hommes cheminent sous le soleil implacable du désert. Habillés de costards, l’un tout en noir, l’autre tout en blanc, ils discutent avec nonchalance d’un jeune homme mort après une chute de huit étages (sans compter une balle dans l’estomac et une overdose), s’arrêtant à peine le temps d’échanger des sacs d’argent contre de la drogue. Il suffit d’une scène à Elias Belkeddar pour planter ses personnages et son décor, dans un style teinté d’une ironie noire où la violence et la mort sont des occurrences quotidiennes sans réelle gravité.

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May December

Festival de Cannes 2023

© May December Productions 2022 LLC

Natalie Portman en lunettes noires. Julianne Moore en perfect housewife. Deux icônes, deux univers qui collisionnent. May December est pourtant bien plus et tout autre chose que cela…

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Déserts

Festival de Cannes 2023

© Urban Distribution International

Mehdi et Hamid travaillent pour une agence de recouvrement et sillonnent le Maroc en quête de remboursements. Comme Laurel et Hardy mais identiques, le duo se retrouve dans des situations toutes plus décalées les unes que les autres. Film à sketchs délicieusement absurde puis soudain épopée mystique, le film de Faouzi Bensaïdi n’est pas sans surprises.

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In the rearview

Festival de Cannes 2023

© AFFINITY CINE / IMPAKT FILM

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, près de vingt millions d’Ukrainiens ont été contraints de tout quitter pour se réfugier en zone sûre, en Pologne ou dans les régions sécurisées de l’Ouest. Maciek Amela, producteur et réalisateur polonais, a sillonné le pays pour rapatrier à la frontière de son pays les Ukrainiens qui le sollicitaient, parcourant plus de 100 000 km. Son minivan de sept places est devenu un lieu de confidences, un lieu sûr, transitoire, témoin d’un exil forcé. Accompagné d’une caméra, le réalisateur a enregistré les conversations échangées avec ses passagers. Dans l’habitacle, on parle de la guerre, de ses drames, de l’exode, mais aussi des perspectives pour l’avenir : s’installer provisoirement en Pologne, revenir en Ukraine quand tout sera fini, ouvrir un café ou se baigner dans la mer.

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The Zone of Interest

Festival de Cannes 2023

© A24

La question de comment filmer l’horreur de l’Holocauste a souvent divisé le monde du cinéma. En prenant une approche radicalement opposée, Jonathan Glazer décide d’en révéler l’horreur sans jamais la montrer, sans même que ses personnages se donnent la peine de la penser. Avec un formalisme à la beauté austère, il retrace la vie mondaine que mènent Rudolf et Hedwig Höss, le commandant du camp d’Auschwitz et sa femme.

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The Sweet East

Festival de Cannes 2023

© The Match Factory

Dans The Sweet East, Sean Price Williams nous promène dans une Amérique découpée en différentes idéologies : de punks à islamistes, en passant par néo-nazis et avant-gardistes. Lillian, jeune adolescente désœuvrée, est notre guide à travers ces groupuscules qu’elle intègre, toujours avec un détachement adolescent aussi touchant que frustrant. 

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Rencontre avec : Emin Alper

© Muhsin Akgün

Après un prix du meilleur premier film il y a une dizaine d’années à la Berlinale et trois longs-métrages depuis, Emin Alper revient avec Burning Days. À travers une intrigue faite de sous-entendus et une esthétique tout en contrastes, l’excellent thriller fait état de la corruption politique en Turquie. Le réalisateur nous en dit un peu plus sur l’origine du film, sur sa structure qui flirte avec les codes du polar, sur ces personnages si ambivalents et sur ce qu’il cherche à dénoncer.

Yaniklar est un village fictif, quels étaient les différents éléments qui devaient constituer ce lieu pour que l’histoire puisse y prendre place ?

Il n’y avait pas tant de choses à inclure. Le plus important pour moi était la sécheresse donc j’ai cherché un lieu particulièrement aride. Ensuite, il a fallu trouver le village. Beaucoup des villages en Anatolie se sont modernisés d’une façon assez laide donc je voulais un endroit qui ait gardé son apparence traditionnelle. Celui que nous avons trouvé était proche de Kayseri dans la Cappadoce. En revanche, les gouffres n’existent que dans la région de Konya donc tous ces plans là ont du être tournés autre part. 

Aviez-vous dès le départ l’envie d’alterner enjeux politiques et codes du thriller ? De brouiller la frontière entre vérité et mensonges, d’éliminer les repères moraux pour les personnages mais aussi pour les spectateurs ? 

En fait, l’idée initiale était de raconter une histoire sur la sécheresse en Turquie. Mon inspiration était la pièce d’Ibsen L’ennemi public. Je voulais mettre en scène un homme dont l’unique intérêt est de servir le peuple mais qui est déclaré l’ennemi du peuple par les politiciens manipulateurs. Après cette intrigue de base, les différentes lignes narratives me sont venues assez naturellement. Mais brouiller les pistes était effectivement une de mes volontés. Dans tous mes films, j’aime créer des lignes de transitions entre rêve et réalité, entre vérité et mensonges. Je veux créer des personnages inquiétants, dont les valeurs morales sont difficile à comprendre.

Beaucoup de vos personnages sont en effet très ambigus, très secrets entre eux mais aussi envers le spectateur. Quand vous écrivez les personnages avez-vous besoin de leur inventer une histoire plus complète ou êtesvous capable de les mettre en scène sans vous-même savoir grand chose d’eux ?

Etant donné que le film est un thriller et un néo-noir, je voulais que les spectateurs soient constamment sollicités, qu’ils ne puissent pas faire confiance facilement à mes personnages. C’est aussi une façon d’exprimer les insécurités, les suspicions et la solitude du personnage d’Emre. Je pense mieux connaître les personnages que les spectateurs mais il y a des détails que je ne clarifie pas, même pour moi lors de l’écriture. Tout simplement car parfois les comportements ne peuvent pas être définis, le personnage pourrait faire ci ou ça, c’est impossible à prévoir. C’est un peu comme dans la vie finalement : même pour vos meilleurs amis ou pour vous, dans certaines circonstances on ne peut pas savoir comment on réagira. Donc je ne suis pas déterministe quand j’écris mes personnages, j’aime laisser béantes certaines failles dans leurs âmes, des failles que personne ne sait comment remplir.

On retrouve de nombreuses scènes de diners dans vos films et, dans Burning Days, c’est une séquence majeure de l’intrigue : que révélez-vous de vos personnages en les filmant manger et boire ?

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