Park Chan-Wook est de retour avec Decision to leave, présenté cette année au festival de Cannes. Cette funeste romance entre un policier et une suspect dans une enquête de meurtre permet au réalisateur coréen de déployer son immense talent de mise en scène.
Treize ans après son adaptation de Gatsby le Magnifique, Baz Luhrmann revient avec Elvis, biopic sur l’icône du rock’n’roll. Soit plus de deux heures et demie de paillettes et d’outrance, un distillat de l’esthétique Luhrmann dont on se délecte ou que l’on déteste.
Les journalistes sur place l’ont assez répété : malgré une compétition de bon niveau cette année, aucun film ne s’est réellement détaché dans la course à la Palme. Pas vraiment de chef d’œuvre donc, ni de palme évidente au rendez-vous, mais de belles émotions tout de même et de l’incompréhension, aussi, suite à l’annonce du palmarès qui ne nous a pas pleinement satisfaits. Contrairement à une grande partie de la presse, ce n’est pas devant Sans filtre (Triangle of Sadness) et sa palme d’or que l’on s’est étranglé. On a même beaucoup jubilé devant cette nouvelle satire de Ruben Östlund où un couple de mannequins-influenceurs en croisière sur un yacht voit son luxe propret et confortable voler en éclats. Sur le bateau, tout déborde, tout explose dans un chaos où l’on vomit et où l’on fait vomir le capitalisme. Il est par ailleurs assez ironique que le festival ait choisi de récompenser un film qui en reflète certains de ses aspects, tels que le culte des apparences et les différences de classe. En somme, peut-être est-ce moins le cynisme du film qui dérange ses détracteurs que le miroir qu’il tend à nos viles hypocrisies.
On aurait pu croire à un film sensible sur les rapports conflictuels entre un frère et une sœur, comme l’indiquait le synopsis. Au lieu de cela, Frère et sœur devient rapidement un drame petit bourgeois dans lequel deux jeunes artistes se haïssent à la mort pour on ne sait quelle raison.
Remake d’un film étudiant japonais, la nouvelle comédie de Michel Hazanavicius nous entraîne sur le tournage chaotique d’un film de zombies et nanar du genre.
Histoire singulière de l’amitié qui se développe entre un jeune homme perturbé et une héritière vivant dans une maison qui a perdu sa gloire d’antan, Nitram suit la descente aux enfers de son personnage éponyme, joué à la perfection par Caleb Landry Jones (prix d’interprétation masculine du Festival de Cannes en 2021) pour s’achever dans la plus cruelle des violences.
Issue du genre documentaire, Tatiana Huezo signe avec Prayers for the Stolen (Noche de Fuego, pour qui préférera l’espagnol) sa première incursion dans la fiction, un genre qui déjà lui sourit puisque le film fut distingué par une mention spéciale à Cannes l’an dernier, dans la section Un Certain Regard. Une moindre récompense pour une œuvre marquante qui fut l’un des chocs discrets de cette édition.
La Nuit. Un cri. Un homme brûle dans la cour d’une usine décrépie. Acte de transgression suprême, l’immolation par le feu érige celui qui la choisit, et la subit, au rang des martyrs, des sacrifiés pour une cause collective. En choisissant d’ouvrir son film par une telle séquence, qui ranime en nous nombre d’événements et d’images chocs qui ont jalonné notre histoire récente et, nécessairement, celle du cinéma (Dans Persona par exemple, les images documentaires du Bonze s’immolant à Saïgon en 1962), Omar El Zohairy lui confère d’emblée une portée politique, pour mieux l’acheminer ensuite vers la fable kafkaïenne.
Comment un jeune séminariste de dix-sept ans en arrive-t-il à décapiter un garçon plus jeune que lui ? C’est l’ambition du cinéaste Vincent Le Port : remonter aux origines d’un meurtrier méconnu.
Le second long métrage d’Anita Rocha da Silveira propose un savant mélange de genres pour dénoncer un extrémisme masqué. Que se passe t-il lorsque les femmes – armées d’une puissante volonté émancipatrice – se retournent vers leurs semblables ? Une perte de sens, de valeurs, de cohésion. Glaçant.