Léon et Félix se rendent en vacances dans une maison sur la côte. Du moins, c’est ce que tout le monde pense car Léon n’est pas en vacances, il doit terminer d’écrire le manuscrit de son livre et il a rendez-vous avec un éditeur dans quelques jours. Or ses studieuses ambitions vont se heurter non seulement à la présence d’une troisième invitée dans la maison mais aussi aux incendies qui sévissent dans les forêts alentours, se rapprochant dangereusement.
Sam H. Freeman et Ng Choon Ping réalisent avec Femme un thriller électrisant. Ce premier film, sélectionné dans la catégorie Panorama à la Berlinale, traite de l’idée de travestissement quotidien et du danger d’être dévoilé pour ce qu’on est vraiment. Reprenant certains codes du film noir et dévoilant un génial sens du suspens, Femme est une virée nocturne torride et étouffante. À Berlin, nous avons rencontré les deux amis et cinéastes.
Sam vous avez surtout travaillé à la télévision et Ping plutôt au théâtre, qu’est-ce que vous vous êtes apportés mutuellement, en terme de compétences, dans la création de ce film ?
Sam H. Freeman : Effectivement, mon expérience en est une de scénariste à la télévision et Ping de metteur en scène au théâtre. Donc quand nous nous sommes retrouvés à vouloir faire un film ensemble, nous avons vraiment eu l’impression que nos capacités se complétaient. Aucun de nous n’a fait d’école de cinéma donc on a du faire appel à nos connaissances respectives quant à l’art de raconter des histoires. J’étais plus familier avec les façons d’écrire alors que l’approche de Ping est très visuelle. On a beaucoup appris l’un de l’autre et on a pu s’appuyer mutuellement sur les forces de l’autre. Au sein d’un duo, les deux peuvent essayer d’être identiques, ce dont je ne vois pas vraiment l’intérêt ou, au contraire, se dire qu’on est justement plus d’un parce qu’on a deux domaines de compétences complètement différents.
Ng Choon Ping : En tant que scénariste, tu avais parfois du mal à trouver de quelle façon faire aboutir ta vision. À l’inverse, moi en tant que metteur en scène, je trouve difficile de construire en amont ce que j’avais envie de montrer à l’écran. Donc c’était une superbe opportunité pour nous de pouvoir contrôler tout du début à la fin : de la conception de l’histoire jusqu’à maintenant, être assis ici avec vous !
C’est un premier film très ambitieux, surtout sur l’aspect de la réalisation car quasiment tout le film se déroule de nuit. Pourquoi avez-vous tenu à raconter cette histoire de nuit et quelles étaient les difficultés principales liées à ce choix ?
N. C. P. : C’était très compliqué à tourner parce que ce sont surtout des extérieurs de nuit et nous avons tourné en juin. C’est l’été donc les nuits étaient courtes. Généralement on arrivait sur le plateau avant le coucher du soleil et il fallait attendre, puis, quand la nuit arrivait tourner très vite avant l’aube. Donc c’était un rythme assez difficile mais exaltant.
S. H. F. : C’était très important pour nous que ce soit un film de nuit, comme beaucoup d’œuvres qui nous ont inspiré : Good Times des frères Safdie ou les films de Nicolas Winding Refn. C’était un genre de référence et on a voulu s’y tenir. Ce que vous décrivez, l’ambiance secrète et dangereuse, éclairée au néon, c’est une immense part de ce qui constitue les thrillers. Et on était conscient qu’on voulait garder une scène de jour à un moment très spécifique. C’était efficace dans l’histoire seulement si les autres plans étaient de nuit, pour qu’on puisse avoir l’impression d’enfin reprendre notre souffle.
N. C. P. : La nuit, c’est le moment où tout peut arriver. Dans un bon thriller, la nuit c’est l’instant où tout tourne au chaos puis revient à l’ordre quand le jour se lève. Son esthétique nocturne, ses couleurs vibrantes c’était notre façon d’emmener Jules dans cet « autre monde » avant d’essayer de le ramener en sûreté.
La nuit ne nous permet pas de reconnaitre les lieux filmés, et les gros plans font qu’il est également difficile de se repérer dans l’espace. Pourquoi avez-vous souhaité éviter toute forme de contextualisation spatiale ?
Jules, une drag queen resplendissante est agressée un soir dans ce qui semble être un petite ville d’Angleterre. Après ce traumatisme, les couleurs se tarissent : les talons deviennent baskets, les jupes des joggings et les hauts arc en ciel des sweat-shirts monochromes. Mais alors qu’il s’apprête enfin à délaisser son canapé pour une piste de danse, Jules croise son attaquant dans un club gay. Commence alors un jeu de vengeance dangereux entre les deux, dans ce que les réalisateurs Sam H. Freeman et Ng Choon Ping appellent un « queer noir ».
Sean Penn et Aaron Kaufman se trouvaient à Kiev lorsque la Russie déclare la guerre à l’Ukraine. Réalisant un film basé sur la vie de Volodymyr Zelensky (un acteur de télévision qui devient président) ils vont assister à la transformation nécéssaire et impressionnante de celui qui les avait inspiré. Mais si le personnage de Zelensky était le protagoniste dans leur film, il n’y a aucun doute sur le fait que le protagoniste de Superpower n’est autre que Sean Penn.
Gu Wentong est un critique culinaire que nous n’avons pas le temps d’apprendre à connaître avant de plonger au cœur de son quotidien, de son intimité ; ni l’un, ni l’autre n’étant particulièrement mouvementé. Zhang Lu construit son film autour d’un protagoniste passif, qui attend, qui regarde ceux autour de lui qui viennent et vont. Tant que ce flux humain ne cesse pas et que le point rougeoyant au bout de sa cigarette ne s’éteint pas, Gu est heureux à Beijing.
Le 2 juin 2017, Reality Winner rentre chez elle comme tous les autres soirs. Mais le 2 juin 2017 n’est pas un soir comme les autres : deux agents du FBI l’attendent devant sa porte. Accusée d’avoir dévoilé des informations confidentielles de la NSA aux médias, la jeune femme devient l’objet d’un interrogatoire musclé. À partir de la transcription de l’enregistrement audio de ces quelques heures naissent une pièce, puis un film.
S’il n’ est pas question de cerisiers ni du déclin de l’aristocratie sous la Russie tsariste, difficile de ne pas entrevoir l’ombre de Tchekhov et de sa Cerisaie dans Nos Soleils de Carla Simón (Ours d’or 2022), nouveau récit familial, estival et de deuil après Été 93, pour lequel la cinéaste espagnole avait déjà remporté un prix – le meilleur premier film – à la Berlinale. Ici, la famille de Lioubov laisse place aux Solé et leurs champs de pêchers au village d’Alcarràs, en Catalogne, menacés par un projet plus rentable de panneaux solaires.
Réalisatrice allemande, Henrika Kull était à Paris à l’occasion de la sortie de son deuxième long-métrage, Seule la joie. Nous avons pu la rencontrer et l’interroger sur cette histoire d’amour atypique entre deux travailleuses du sexe dans une maison close berlinoise.
Le film se déroule dans une maison close. Pourquoi avez-vous été attirée vers ce décor particulier ?
J’ai fait des études de sociologie et, en tant que sociologue, on est toujours intéressé par différents milieux. Ce n’est pas pour éprouver des sensations fortes, mais pour me rapprocher de ces gens, pour leur parler, pour essayer de comprendre un processus de stigmatisation à la fois très élémentaire et très complexe. Mon premier film était un court documentaire sur une maison close et après j’y suis revenue, pendant des années. L’endroit m’intriguait. Je ne cherchais pas à y trouver une histoire, mais quand j’y étais, je me disais que cet endroit devait figurer dans un film.
Comment travaille-t-on avec des acteur.rice.s au milieu d’un décor réel, c’est à dire avec en arrière-plan des non pas des figurants mais des personnes qui font leur travail ?
C’était un premier rôle pour les deux. Katharina, l’actrice de Sascha, avait déjà joué, mais jamais dans un long-métrage. En général, j’aime travailler avec des gens qui n’ont pas beaucoup d’expérience. On travaille ensemble sur la biographie des personnages, on va très loin dans leur histoire personnelle. C’est impossible de tourner de façon normale dans un environnement réel, avec des gens réels et toute une vie qui continue à se dérouler autour de nous. La façon de jouer est spécifique, très différente de ce que l’on trouve généralement dans un film de fiction.
Les corps représentés à l’écran sont différents de ceux que l’on a l’habitude de voir dans un film : Celui de Maria est tatoué, celui de Sascha, âgé par rapport aux standards de beauté de l’industrie. Même ceux des clients sont très variés. Qu’est-ce qui vous a donné envie de filmer ce genre de corps ?
Alma, une scientifique, doit se prêter à une expérience : vivre avec Tom – un robot programmé pour être l’homme de sa vie – pendant trois semaines, avant de donner son avis sur les questionnements éthiques que ces nouveaux êtres technologiques pourraient soulever. Jusqu’où est-on prêt à aller pour ne pas être seul ?
Dans la banlieue romaine, un groupe de familles vivote sous la chaleur estivale. Ours d’Argent du meilleur scénario au festival de Berlin, Storia di vacanze frappe paradoxalement par sa mise en scène.