Il pleut dans la maison

Actuellement au cinéma

© Michigan Films

Après le tendre Petit Samedi, premier long métrage documentaire, Paloma Sermon-Daï se lance dans la fiction, avec Il pleut dans la maison. À la croisée des chemins entre film de vacances, drame social et récit d’apprentissage, le film brosse le portrait d’un frère et d’une sœur, Makenzy et Purdey, qui, face à une mère instable, sont contraints de quitter précocement l’adolescence. La précarité économique et sociale des personnages s’inscrit dans le titre : aussi poétique soit-il, il est avant tout programmatique. Il ne s’agit pas d’une jolie tournure, mais d’un constat que fait Purdey à ses dépens ; le vasistas de sa chambre n’est plus étanche.

Loin d’être anecdotique, cet élément matériel placé à l’orée du film devient le moteur de ce dernier, traduisant par métonymie la fragilité qui caractérise le foyer. Il pousse Purdey à s’extraire de la maison et à endosser le rôle laissé vacant par sa mère. Âgée de 17 ans, la jeune fille préfère renoncer aux études d’infirmière qu’elle envisageait pour travailler comme femme de ménage dans un complexe hôtelier et gagner une indépendance financière. De son côté, Makenzy, tout juste déscolarisé, passe son été à voler les vélos des touristes et à trafiquer avec son meilleur ami Donovan.

De Petit Samedi à Il pleut dans la maison, on reconnaît un geste de mise en scène fort, qui entremêle la fiction au documentaire et le documentaire à la fiction. Le film se construit autour de ses acteurs, dont les personnages conservent d’ailleurs les prénoms. Ce procédé préserve la spontanéité des échanges et du jeu, conférant au film sa tendresse et sa justesse. Baigné dans une lumière estivale qui nous éloigne des clichés du film belge misérabiliste et gris, Il pleut dans la maison est sans fausse note. Paloma Sermon-Daï ne se confine pas dans une démarche sociologique, le contexte social demeurant une toile de fond au véritable sujet du film : l’amour, entendu au sens de « philia ». L’amitié particulière qui lie le frère et la sœur se creuse de scène en scène, nourrie par les improvisations des comédiens qui font apparaître et grandir une réelle complicité. Faisant preuve d’un sens du cadre toujours remarquable, la jeune cinéaste, une Kelly Reichardt wallonne, signe un premier long métrage lumineux et gracieux.

Il pleut dans la maison / De Paloma Sermon-Daï / Avec Purdey Lombet, Makenzy Lombet, Donovan Nizet / Belgique, France / 1h22 / Champs-Elysées Film Festival – compétition longs métrages français / Sortie prochaine.

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