Tout peut changer, et si les femmes comptaient à Hollywood ?

Au cinéma le 19 février 2020

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Meryl Streep, Chloë Grace Moretz, Taraji P. Henson, Natalie Portman et Cate Blanchett © Alba Films

Et si les femmes comptaient à Hollywood ? La question que pose le titre de ce documentaire ne saurait mieux mettre le doigt sur la question brûlante qui remue actuellement le monde du cinéma. Le souci n’est pas nouveau, mais sa formulation sonne plus que jamais comme une revendication nécessaire. À l’origine de ce film se trouvent la conviction de son réalisateur et l’engagement de la comédienne Geena Davis, qui a fondé un institut de recherches porté sur la représentation des femmes dans les médias (le Geena Davis Institute on Gender in Media).

La vertu principale de Tout peut changer est celle de l’information, avec une rigueur appliquée. Chiffres à l’appui, arguments bien étayés, de grandes actrices de différentes générations (Meryl Streep, Natalie Portman, Chloë Grace Moretz) prennent la parole pour rappeler la nature inégalitaire et sexiste de l’industrie cinématographique américaine. Des faits que l’on pourrait nier ou ignorer, mais qui façonnent depuis des décennies, de façon parfois subliminale, les stéréotypes que mettent en scène les films aussi bien que les inégalités de genre au sein des métiers du cinéma. Le constat est sans appel : les femmes sont sous représentées. On apprend par exemple que 72% des rôles parlés ont été consacrés à des hommes dans le cinéma américain entre 1990 et 2006… À travers des entretiens avec des comédiennes témoignant d’expériences personnelles (Chloë Grace Moretz raconte comment des réalisateurs ont sexualisé son corps d’enfant), certains passages éveillent sur des points que l’on n’avait pas forcément pris en compte. La prédominance d’un point de vue masculin se vérifie dans toutes les branches du cinéma, telle que la critique de cinéma : 77,8% d’hommes écrivent sur Rotten Tomatoes en 2018, équivalent américain d’Allociné ou de SensCritique. Ou encore chez les agents d’acteur. Jessica Chastain nous apprend que ceux-ci sont mieux rémunérés si leurs clients sont des hommes… L’incidence de ces révélations est évidemment forte sur la façon dont le patriarcat a su imposer son point de vue, avec des conséquences sociales, économiques, bien ancrées dans un système. En nous mettant face au constat de la prévalence de ce regard dans toute l’industrie, le film problématise une question passionnante. Quelle réalité du monde a-t-elle été façonnée par une majorité d’images de cinéma conçues par des hommes ?

La limite du film se voit formée, à force de pousser les arguments les uns derrière les autres, par une manie de faire suivre des problèmes qui n’ont pas d’évidents liens de corrélation. Il cède aussi à certains raccourcis au regard de l’histoire du cinéma, choisissant dans ces extraits des appuis parfois discutables. Toujours est-il que c’est par l’impression générale renvoyée et le constat effroyable posé que le propos du film ne peut que convaincre. Tout peut changer tombe à pic en ce début 2020, nouvelle décennie qui s’ouvre en s’annonçant comme celle du changement, initié par des actrices décidées à faire bouger les choses. Et dont la prise de parole à large échelle est déjà un indice positif qui incite à l’optimisme, malgré le long chemin qu’il reste encore à parcourir.

Tout peut changer, et si les femmes comptaient à Hollywood ? / De Tom Donahue / Avec Geena Davis, Meryl Streep, Chloë Grace Moretz, Natalie Portman, Jessica Chastain / Documentaire / Etats-Unis / 1h35 / Sortie le 19 février 2020.

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