Des chercheurs, des activistes et d’anciens employés des géants de la Sillicon Valley prennent la parole pour dénoncer les effets pervers des innovations technologiques et notamment des réseaux sociaux sur les vies des individus. Un film instructif, mais dont la forme sensationnaliste contredit le propos, posant ainsi le problème de certains documentaires à la Netflix.
« Sous l’Union Jack, il y avait une croix gammée. » C’est avec cette formule lapidaire que Red Saunders, co-fondateur du mouvement Rock Against Racism, résume la situation politique de l’Angleterre en 1976. Le documentaire White Riot, dont le titre est emprunté à une chanson des Clash, raconte l’aventure d’un groupe de militants décidé à réagir contre le succès grandissant de l’extrême droite. Leurs armes sont simples et efficaces : les mots et la musique, pour s’unir contre un ennemi commun nommé l’intolérance.
Réalisateur, chef opérateur et producteur, Richard Copans pratique le cinéma documentaire depuis les années 1960. La sortie en vidéo à la demande de son dernier film Monsieur Deligny, vagabond efficacenous a donné l’opportunité de le rencontrer.
Votre film retrace l’histoire de Fernand Deligny, un homme peu connu du public. Est-ce que vous l’avez bien connu ?
Je l’ai rencontré pour la première fois en 1974, dans les Cévennes, où je m’étais rendu lorsqu’il tournait Ce gamin-là avec des enfants autistes et mutiques. Fernand Deligny souhaitait que ce soit les autistes qui produisent les images et non pas un opérateur professionnel, alors j’y suis retourné pour apprendre à l’un d’entre eux, Renaud Victor, à filmer tout seul. Je suis resté très ami avec Renaud, donc j’étais amené à revoir Deligny en même temps que je lui rendais visite. En 1989, j’ai suivi le tournage d’À propos d’un film à faire, puis j’ai un peu pris mes distances. J’ai revu Deligny au moment de la mort de Renaud Victor, enterré à Monoblet en 1991.
À quel moment avez-vous su qu’il devait faire l’objet d’un film ?
C’était il y a huit ans environ. J’ai recroisé Gisèle et Jacques, que j’avais connus dans les Cévennes chez Fernand Deligny, lors d’une exposition consacrée aux lignes d’erre au Palais de Tokyo [il s’agit des cartes des déplacements des enfants autistes telles qu’on les voit dans le documentaire, ndlr]. J’étais en train de terminer un film et je me suis alors souvenu de Deligny. Je suis parti dans mes souvenirs… et j’ai commencé à travailler un premier scénario, puis un deuxième, un troisième et le film s’est imposé. Je voulais raconter tout Deligny.
Vous ouvrez et refermez votre film par des séquences montrant le quotidien d’autistes dans une maison de vie. Vous avez passé beaucoup de temps sur place ?
J’y suis retourné plusieurs fois pour comprendre ce qui restait de ce que j’avais connu à l’époque de Fernand Deligny. Et en fait, Gisèle et Jacques étaient toujours là, les enfants avaient grandi, d’autres adultes les avaient rejoints. Il était absolument évident que le film ne racontait pas une histoire au passé mais qu’il s’inscrivait dans un présent continu. J’y ai donc passé une semaine pour comprendre comment fonctionnait le lieu aujourd’hui, et on a tourné une semaine pour filmer la vie des adultes autistes mutiques, avec la poésie de leurs gestes, leur rapport aux objets et aux différentes activités.
Fernand Deligny (1913-1996), éducateur, écrivain et réalisateur en amateur, a œuvré toute sa vie en faveur des autistes pour lesquels il créa des lieux de vie adaptés. Le cinéaste Richard Copans réhabilite son histoire dans un documentaire conçu comme un voyage en images à travers le parcours de ce précurseur méconnu.
Et si les femmes comptaient à Hollywood ? La question que pose le titre de ce documentaire ne saurait mieux mettre le doigt sur la question brûlante qui remue actuellement le monde du cinéma. Le souci n’est pas nouveau, mais sa formulation sonne plus que jamais comme une revendication nécessaire. À l’origine de ce film se trouvent la conviction de son réalisateur et l’engagement de la comédienne Geena Davis, qui a fondé un institut de recherches porté sur la représentation des femmes dans les médias (le Geena Davis Institute on Gender in Media).
« Sigmund Freud a inventé la psychanalyse […]. Alejandro Jodorowsky a inventé la psychomagie. » Ainsi s’ouvre en toute humilité le nouveau film du cinéaste chilien, un documentaire consacré à la discipline qu’il a fondée et qu’il exerce depuis, au moins, les années 1980. À la différence de la psychanalyse, la psychomagie prend la forme d’une thérapie qui passe par les actes. Quelques exemples : un homme en colère contre sa famille va frapper des citrouilles sur lesquelles sont placées les photos de ses parents, avant de leur envoyer les morceaux par la poste ; une femme dont le conjoint s’est suicidé sautera en parachute… Une façon d’extérioriser les traumatismes et de se libérer des blocages psychologiques, pour accéder à un niveau supérieur de la conscience.
À l’occasion de la sortie de son documentaire Cyrano et la petite valise, dans lequel elle suit, sur une année, l’évolution d’un atelier de pratique théâtrale avec des sans-abris dans un centre Emmaüs, rencontre avec la réalisatrice Marie Frapin.
Quel est votre parcours ? Comment devient-on réalisatrice de documentaires?
Après avoir quitté la fac, j’ai fait de la recherche sur l’image au centre Georges Pompidou. J’étais chargée de la coordination d’une manifestation publique sur le sens de l’image qui s’intitulait « La revue de l’image », à laquelle Umberto Eco, Raoul Ruiz, Jean-Luc Godard ont contribué. Je suis ensuite devenue assistante de réalisation à la télévision, j’allais aussi bien sur des plateaux multi-caméras que sur des fictions. Parallèlement, je faisais des films pour des musées, et j’avais déjà en tête l’idée de me tourner vers le documentaire. Quand la télévision est devenue privée, après de nombreux assistanats, je suis devenue réalisatrice.
Comment avez-vous eu l’idée de faire un film sur les ateliers de théâtre d’Emmaüs ?
Genèse d’un fantasme. De 1973 à 1977, Alejandro Jodorowsky prépare l’adaptation de Dune, le best-seller de Frank Herbert. Ce sera le projet de sa vie, d’une ambition artistique démesurée. Mais il manque 5 millions de dollars pour le financer et aucun studio n’ose se lancer dans un tel projet. Destiné à révolutionner l’histoire de la science-fiction, il ne verra jamais le jour.