Finie l’atmosphère automnale de À couteaux tirés et la fausse chaleur de sa grande demeure familiale, Benoit Blancse frotte désormais à la chaleur estivale et aux faux-semblants des super-riches, sur une île paradisiaque tenue par un magnat multimilliardaire. Plus exubérant et énergique que le premier film, déjà réalisé par Rian Johnson, Glass Onion embrasse les excès de ce nouveau cadre pour mieux exposer son ridicule. Dialogues outranciers, kitsch assumé, jeu de non-dits, name-dropping abusif : Johnson s’en donne à cœur joie et fustige, davantage que son prédécesseur, la superficialité de cette élite autoproclamée, paradoxalement emprisonnée dans l’entre-soi qu’elle a bâtie.
Depuis The Revenant et les couronnes de lauriers, Iñarritu s’était retiré des plateaux, le temps de prendre du recul et de souffler un peu. C’est par la porte de Netflix qu’il fait son retour très attendu, avec Bardo, fausse chronique de quelques vérités, que le public français n’aura hélas pas l’opportunité de découvrir en salles. Trip onirique, méta et introspectif, Bardo est non seulement le film du retour au cinéma pour l’auteur, mais surtout du retour au Mexique qu’il n’avait pas foulé du pied de sa caméra depuis Amours Chiennes. Ce motif du retour fonde un récit du seuil, de l’interstice, dont témoigne son titre qui évoque l’intervalle bouddhiste entre la mort et la renaissance.
En pleine période de l’avent où nous sommes bombardés de films et de musiques de Noël qui ne s’illustrent pas toujours par leur finesse, Netflix sort une comédie romantique polonaise surprenante qui convoque à la fois drame social et magie de Noël…
Imaginé par Carlo Collodi en 1881, Pinocchio semble être de ces contes qui ne cessent de trouver grâce et intérêt aux yeux des cinéastes, depuis l’adaptation de Giulio Antamoro en 1911. Après le catastrophique remake orchestré par Robert Zemeckis chez Disney en septembre dernier, c’est au tour de Guillermo Del Toro, passionné depuis ses débuts par les freaks, de poser un nouveau regard sur l’œuvre de l’auteur italien.
Deux ans après la sortie de son premier volet, le personnage haut en couleurs d’Enola Holmes fait son retour sur Netflix. Cette fois-ci, avec une enquête encore plus farfelue que la précédente, inspirée de la véritable lutte des allumettières londoniennes au début du siècle dernier. Un fond historique qui permet la réaffirmation de la relecture féministe de l’emblématique légende holmésienne.
Dahmer – Monstre : l’histoire de Jeffrey Dahmer retrace la vie du tueur en série, de son enfance à sa mort, ses actes connus du grand public comme (et surtout) ses plus anecdotiques.
Faire un spectacle éreintant aussi techniquement virtuose que politiquement et esthétiquement vain. Vous n’en rêviez pas ? Romain Gavras l’a quand même fait. Après son sympathique Le Monde est à toi, qui brassait bon nombre d’influences cinématographiques dans une comédie à l’énergie communicative, le cinéaste revient par la grande porte, en faisant appel à Netflix pour financer son nouveau projet.
Fruit d’une gestation pour le moins turbulente, fardé d’un intrigant parfum de scandale, Blonde, adaptation du roman de Joyce Carol Oates évoquant fictivement la vie de Marilyn Monroe, plus immense des icônes, ne pouvait que faire événement. Surtout que, fidèle au registre du livre, Andrew Dominik n’y va pas avec le dos de la cuiller et saute même à pieds joints dans les replis les plus obscurs de la star, ses déboires les plus crues et les recoins les plus sordides d’une industrie corrompue et carnassière, à la misogynie dévastatrice.
Il interprète l’alter ego du cinéaste Paolo Sorrentino dans La Main de Dieu, aujourd’hui sur Netflix, et pour lequel il a reçu le prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir à la Mostra de Venise. Filippo Scotti est notre invité.
Quelle était votre relation au cinéma de Paolo Sorrentino avant de savoir que vous travailleriez avec lui ?
J’étais très jeune lorsque j’ai vu mon premier film de Paolo Sorrentino, L’Ami de la famille (2006). Ensuite, j’ai regardé tous ses films, je savais très bien qui il était. C’était un choc pour moi de me retrouver à travailler avec lui. Non seulement on m’avait donné le premier rôle, mais en plus j’avais la pression de jouer pour un grand réalisateur dont j’étais l’un des fans. Cette pression n’a duré que quelques jours, je suis ensuite passé à autre chose.
Comment s’est déroulé le casting de La Main de Dieu ?
J’ai reçu un mail en juin 2020 pour le casting d’un film dont le nom du réalisateur n’était pas précisé. J’avais ma petite idée : ma sœur avait lu quelques temps plus tôt un entretien avec Paolo Sorrentino dans lequel il parlait d’un film sur Naples. On s’est dit que ça pourrait être lui… Par ailleurs, il y avait un détail significatif. Normalement, au casting, on nous demande toujours d’enlever nos boucles d’oreille et de se raser la barbe ; là, il n’était pas question des boucles d’oreille et pour la barbe, si on avait des favoris, on pouvait les garder. Un indice supplémentaire. J’ai donc fait un premier essai, puis un deuxième en présence de Paolo Sorrentino, et trois autres ont suivi. En tout, il a dû y avoir cinq rendez-vous en l’espace d’un mois. C’était difficile et très beau à la fois, parce qu’à chaque fois Paolo me demandait de « sortir une vérité » sans trop me préoccuper du texte, pour voir qui j’étais vraiment.
C’est un rôle très intime pour Paolo Sorrentino. Dans quelle mesure est-ce qu’il vous a partagé ses souvenirs de jeunesse ?
Le cinéma de Paolo Sorrentino prend la forme d’une foule de fantasmes. Il projette une multitude de visions oniriques, étonnantes ou sulfureuses pour saisir le réel de biais, même lorsque les sujets sont directement politiques. Pour la première fois, le réalisateur revient sur l’origine de telles images, et de sa vocation elle-même : sa jeunesse dans les années 1980, qu’il dévoile à travers une superbe autobiographie.