Le Plongeur

© Wayna Pitch

Tout cinéphile habitué à prendre place dans un fauteuil rouge sans lire un synopsis ni regarder une bande annonce au préalable sera surpris en se rendant à la séance du film Le Plongeur. Pas de piscine, de mer, ou d’univers aquatique car Le Plongeur est de ces rares films bravant le quatrième mur, celui de l’arrière d’un restaurant, pour parler de ses coulisses. Vous l’aurez compris, le protagoniste ici plongera de la vaisselle.

Stéphane a 19 ans, il commence des études d’illustration à Montréal. Mais, sitôt cette ligne de départ franchie, le jeune homme perd le contrôle. Les jeux de hasard viennent déséquilibrer le programme d’un enfant que l’on croit consciencieux et appliqué, parti étudier loin de sa famille. Stéphane, honteux, tait son addiction à ses proches, préférant mettre ses études sur pause et déniche un travail en restauration le temps de rembourser ses dettes. 

Le jeune garçon se fait rapidement une place privilégiée au sein de cette brigade de cuisine, mais dès lors, il s’engage dans une spirale infernale, amplifiée par ce nouvel entourage. Il travaille obstinément pour dédommager ses proches et oublier le jeu mais utilise son argent pour jouer, boire et sortir, perdant par là-même, toute forme de loyauté envers ses anciens amis d’école. « Personne de sensé ne ferait ce boulot » explique le cuisinier à Stéphane. Mais dans ce milieu impitoyable, une forme de bienveillance indescriptible amène toujours à se complaire de sa situation quand on plonge pourtant toujours un peu plus.

Le Plongeur est avant tout un film d’équipe et Francis Leclerc réussit avec brio dans cette adaptation à retranscrire en images l’environnement mais surtout l’universalité de ces métiers – on comprend bien tard que l’action se situe à la fin des années 90, tant la profession reste inchangée. Le contraste entre la salle et la cuisine, l’effervescence des rencontres, l’énergie nécéssaire au travail, la redondance des tâches et le turnover des équipes : « Des amis tu vas t’en faire, tu ne les garderas pas longtemps parce qu’on change vite de job ». 

Si les deux histoires s’accordent bien – l’addiction de Stéphane et le milieu de la restauration – et si la narration qui va crescendo est solide, le long-métrage demeure imparfait. Les deux heures de montée dramatique se résolvent en une dizaine de minutes (j’ose l’usage de la locution comme un cheveu sur la soupe), de manière abrupte, laissant le spectateur perplexe. Le Plongeur n’aura fait que nous éclabousser.

Le Plongeur / De Francis Leclerc / Avec Henri Picard, Charles-Aubey Houde, Joan Hart / 2h07 / Canada / Sortie le 3 janvier 2024.

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Auteur : Lise Clavi

Lise. Fondamentalement indécise, mais de cinéma, définitivement éprise. Mon année à travailler pour des festivals cinématographiques, mon temps libre à cultiver mon intérêt pour l’actualité artistique. Décoller vers une nouvelle destination pour filmer de nouveaux horizons.

Une réflexion sur « Le Plongeur »

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