La récréation de juillet

Actuellement au cinéma

© Wayna Pitch

Première quinzaine de juillet. Une dernière sonnerie annonce le début des vacances. Les élèves se précipitent vers la grille, le principal verrouille les serrures. Gaspard (surprenant Andranic Manet), le jeune professeur de musique, établit pourtant sa demeure dans l’enceinte de cet établissement, y faisant entrer par effraction ses anciens camarades de classe. Les cinéastes Pablo Cotten et Joseph Rozé nous ouvrent les portes d’un film d’été léger malgré un ton grave, une zone habitée de fantômes du passé. 

Le collège est le maître-lieu de ce huis-clos, bien qu’étant dépeuplé de ses habitants : La récréation de juillet dépeint avec un point de vue unique et trop peu représenté au cinéma, l’expérience de jeunes adultes sortis d’étude. Les salles de classe deviennent leurs chambres, la cantine pour cuisine, la cour pour jardin et les bancs en guise de chaises longues. Voilà ce lieu d’apprentissage habilement devenu maison de vacances pour le groupe de six copains. Voilà un film que l’on a déjà envie d’aimer.

La raison de la venue des amis est moins heureuse. Gaspard vient de perdre sa sœur jumelle, décédée dans un accident en Argentine. Elle exprimait dans ses dernières volontés le désir que la bande se réunisse dans ces conditions. Mais le besoin d’union, voire de fusion adolescente est derrière la troupe. Gaspard, Anthony, Alma, Adel, Lou et Esther se sont construits chacun de leur côté, en s’éloignant et en s’oubliant un peu, à la différence de Gaspard et sa sœur. Derrière les joyeuses retrouvailles, le préau devient la cour de leurs règlements de comptes. 

La récréation de juillet, malgré les maladresses que l’on reconnaît – et que l’on excuse ! – quand il s’agit d’un premier long-métrage (rythme inégal ou humour tombant un peu à plat) représente brillamment à l’écran et de manière universelle, une génération ainsi que le phénomène de groupe, alors que la période d’apogée de l’énergie de ce dernier n’est plus. On retrouve avec joie la vitalité d’une auberge espagnole mêlée à la nostalgie d’une poupée russe. La force de l’inertie propre aux anciens groupes d’amis, quand il faut « attendre que quelque chose se passe mal pour se retrouver ». 

La récréation de juillet / de Pablo Cotten et Joseph Rozé / Avec Andranic Manet, Alassane Diong, Alba Gaia Bellugi / France/ 1h20min / Sortie le 10 juillet 2024.

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Auteur : Lise Clavi

Lise. Fondamentalement indécise, mais de cinéma, définitivement éprise. Mon année à travailler pour des festivals cinématographiques, mon temps libre à cultiver mon intérêt pour l’actualité artistique. Décoller vers une nouvelle destination pour filmer de nouveaux horizons.

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