Honda Romance

Théâtre de l’Odéon

© Odéon – Théâtre de l’Europe

Le rideau s’ouvre, Vimala Pons est écrasée sous le poids d’un satellite Honda qui se dit amoureux d’elle. Cette première scène annonce la couleur : l’image de ce satellite en polyester qui occupe la scène provoque le sourire amusé de quelques spectateurs. Deuxième tableau : seule au milieu de la scène, la comédienne lutte contre des canons à air. La première fois qu’ils retentissent, c’est un sursaut qui s’échappe des lèvres des spectateurs. Honda Romance est une pièce qui cherche à susciter une réaction chez le spectateur ; pour ce qui est de la réflexion, on repassera. 

La nouvelle création de Vimala Pons n’est pas théâtre mais effet théâtral. Or l’effet sans utilité peut au mieux agacer, au pire exaspérer. Honda Romance une pièce d’impressions : le spectateur sourit, le spectateur sursaute et, la plupart du temps, le spectateur s’ennuie. Mais ces impressions (sauf l’ennui, malheureusement) sont futiles et fugaces. Passée la première vision, la première réaction, l’effet ne peut que s’amoindrir avec la répétition. Finalement, ce satellite ne nous amuse plus et ces canons à air ne nous surprennent plus ; dommage car c’était apparement leur seule vocation. Le jeu de Vimala Pons répond lui aussi à ce concept d’impression : l’actrice cherche avant tout à impressionner. Mais cela ne suffit pas, et le principe de performance prend inéxorablement le dessus sur son sens. 

La loghorrée du satellite donne le la : l’écriture de Honda Romance est d’une pauvreté intersidérale. Pons veut parler de tout, sans avoir d’avis sur grand chose et, finalement, ne dit rien. Paradoxalement, la dramaturge reproduit la vacuité contemporaine qu’elle veut dénoncer. Seule sur scène, elle enchaine les courts propos rapportés ou entendus. Une sorte de Tik Tok en direct : trois secondes de discours, hors contexte, pendant une demi-heure. Cauchemardesque ? Oui. Involontairement ? Aussi.

S’en suivent des défilés journaliers où neuf chanteurs-danseurs se succèdent et se relaient en marchant des coulisses à l’avant-scène. Ce qui devient tout à fait flagrant dans Honda Romance est que Vimala Pons ne dénonce pas le quotidien, elle ne le met même pas réellement en scène, elle ne fait que le mimer. 

Honda Romance n’apporte in fine strictement rien. Pourquoi les spectateurs iraient-ils voir leur quotidien rejoué, sans que jamais n’en émane une seule idée ; fusse-t-elle scénique, textuelle ou politique ? En voulant traiter de son temps, Vimala Pons ne parvient qu’à nous faire perdre le notre…

Honda Romance / Vimala Pons / Avec Vimala Pons / 1h20 / Du 14 au 26 octobre au théâtre de l’Odéon.

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Auteur : Chloé Caye

Rédactrice en chef : cayechlo@gmail.com ; 0630953176

Une réflexion sur « Honda Romance »

  1. Oui le quotidien et la société sont mimés, oui la loghorrée est à l’image de ce qu’on lit sur les réseaux sociaux, le spectacle est un miroir sociétal. Mais la musique et les chants choraux y apportent une humanité renaissante, de celle que l’on a tendance à oublier, de celle que seul l’art peut emporter. Pour ma part, la réflexion était en sous-texte à chaque tableau: supporter une technologie envahissante, sauter d’une émotion à l’autre en quelques secondes avec les médias, assister à la riche diversité des populations en procession, les comportements mondialisés (en occident), et les respirations, audibles, musicales, métaphores de sensibilité, de chocs émotionnels.

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