
On peut parler du premier Sicario comme d’un chef-d’œuvre, mais cette qualification ne s’accorde pas avec autant de facilité pour ce deuxième volet… Ce dernier est décevant, dans un premier temps car il n’a absolument rien à voir avec le premier. Mis à part les deux acteurs, le titre et le scénariste, c’est une équipe complètement différente qui s’est chargée de Sicario : la guerre des cartels.
On retrouve donc le très bon duo d’acteurs composé de Josh Brolin et Benicio Del Toro. Emily Blunt ne fait en effet pas partie du casting ce qui constitue une des faiblesses du film. Le scénariste Taylor Sheridan écrit une histoire qui tourne autour d’une nouvelle mission du groupe pour combattre les cartels. Un scénario moins prenant que le premier.
Côté réalisation, c’est Stefano Stollima qui, pour son premier long-métrage en anglais, s’attelle au projet. L’italien affirme qu’il n’a pas jugé nécessaire de consulter son prédécesseur Denis Villeneuve et qu’il n’était « pas du tout intimidé ». Malheureusement pour lui, si vous voulez notre avis, il aurait dû. La réalisation s’avère en effet assez classique et sans éléments particulièrement marquants. Le film est moins rythmé et plus conciliant. Là où Sicario vous glaçait sur place, La guerre des cartels ne provoque même pas un frisson. Le film semble être une version plus sage de l’oeuvre qui la précède. Quant à la photographie c’est Dariusz Wolski qui vient remplacer l’irremplaçable Roger Deakins. Il ne faut donc pas s’attendre à des plans majestueux mais à une esthétique plus terne. Tous les éléments remarquables du premier opus ont donc été délaissé pour cette suite.
Cependant, là où le film sonne vraiment faux, c’est dans son envie d’imiter. Un changement radical d’équipe et de vision n’est pas forcement négatif s’il permet un apport nouveau. Dans le cas de La guerre des cartels, on tente de répliquer une atmosphère, avec peine. Des plans aériens ou un point de tension culminant se déroulant sur une route lors du voyage d’un convoi : beaucoup de passages donnent une impression de déjà vu. La musique de Hildur Guōnadóttir est également identique à celle de Jóhann Jóhannsson, qui est tragiquement décédé en début d’année. Si le réalisateur pense donc qu’il existe une « recette magique Sicario » qu’il peut appliquer, il s’est manifestement trompé. Quant à la conclusion elle est assez réussie mais le film reste malgré tout fade et n’arrive certainement pas à la cheville du premier volet.
Sicario : la guerre des cartels / De Stefano Stollima / Avec Josh Brolin, Benecio Del Toro, Isabela Merced / Etats-Unis – Italie / 2h03 / Sortie le 27 juin 2018.