
Tirée du roman de Henri-Frédéric Blanc (1995), la pièce Nuit gravement au salut est adaptée pour la scène du Lucernaire par Ludovic Laroche. Le huis-clos tourne autour d’un dîner entre une jeune auteur souhaitant être publié et un éditeur qui n’hésite pas à abuser de son ascendance sur elle.
La première moitié de l’oeuvre est assez laborieuse, l’arrière pensée de l’éditeur à propos de son invitée est mise en évidence à travers quelques jeux de mots graveleux. La réelle motivation du personnage, que le spectateur devine dès le départ, aurait pu être amenée de manière plus implicite : une réalité dissimulée mais inévitable. Les ressorts comiques que la pièce met en place, notamment les scènes avec le serveur, s’avèrent elles aussi inutiles. Ainsi, ce qui aurait pu être une pièce grave et cynique se mue en un enchaînement de petites scènettes de vaudeville avec des personnages trop caricaturaux. Pourtant, les interprétations des deux comédiens principaux (Ludovic Laroche et Stéphanie Bassibey) sont louables et d’ailleurs beaucoup mieux exploitées dans la seconde partie. La pièce gagne effectivement en intensité et soulève des points intéressants quant à la nature des relations hiérarchiques dans le monde littéraire. Très actuelle, elle semble pourtant toujours choisir l’option de facilité et ne parvient pas à innover, qu’il s’agisse de la mise en scène ou du thème choisi. De cette hésitation constante entre plusieurs résolutions et absence de parti pris, découle alors un manque de subtilité notable.
Nuit gravement au salut / De Henri-Frédéric Blanc / Mise en scène de Ludovic Laroche / Avec Ludovic Laroche, Stéphanie Bassibey, Pierre-Michel Dudan / Du 4 septembre au 20 octobre 2019 au théâtre du Lucernaire.