Despedida

Au cinéma le 14 décembre 2022

© Wayna Pitch

Alors que Brésil se drape de couleurs chatoyantes pour le Festival de Rio, Inès, une mère (Patricia Soso) et sa fille Ana (Anaís Grala Wagner), vêtues chacune de noir, traversent la foule festive qui paraît appartenir à un autre monde. Les deux femmes se rendent aux funérailles d’Alma (Ida Celina), la grand-mère et matriarche aimée. Une fois l’enterrement terminé, la famille entière se réunit pour passer quelques jours ensemble, dans une maison hantée par les fantômes.

Après Irmã, road movie féministe avec deux sœurs, les réalisateurs brésiliens Vinicius Lopes et Luciana Mazeto s’essayent au conte fantastique tout en enrichissant ce qui faisait leur force : une grande audace visuelle au service d’un onirisme intime. Despedida ne s’autorise aucune retenue et expérimente sans cesse, conjurant autant l’enchantement du dessin animé, la rigidité des marionnettes et le mouvement saccadé du stop-motion. L’œuvre en devient un objet filmique toujours changeant, imprévisible, jamais à court de nouvelles idées tant dans la forme que dans sa narration, comme lors de cette séquence où les personnages, sans justification apparente, ne s’expriment que par des piaillements d’oiseaux.

Cette folie visuelle suit une histoire toute aussi riche qui jongle entre les intrigues de familles, des esprits démoniaques, la prophétie d’une princesse disparue et une rancune mortelle entre voisins. Endeuillée par la mort de sa grand-mère, Ana explore le monde de la forêt puis des morts, forcée de grandir pour sauver sa famille et faire son deuil. Despedida adopte une dynamique originale, un Alice au pays des merveilles inversé où le monde de la forêt, peuplé de revenants et de fées, parait moins fou que le monde réel, foyer d’une inquiétante étrangeté perpétuellement éclairée d’une nuit américaine aliénante. Il faut saluer la prestation de Sandra Dani dans le rôle d’Agnès, la grand-tante au visage figé dans un sourire de glace, véritable ogre-sorcière détenant tous les secrets.

Cependant, malgré toutes ses idées, Despedida peine à convaincre. Pire, c’est cette richesse qui se révèle être son principal tort. Si le début attire par son atmosphère inquiétante et fantastique, la suite ne sait comment correctement prolonger ses différents fils narratifs et se perd dans son propre univers. La prodigieuse inventivité de la mise en scène se heurte à une histoire aussi convenue que incompréhensible, imbroglio maladroit de mondes fantastiques et de drame familial. Pâle copie du Labyrinthe de Pan, on regrette en particulier un manque de budget flagrant, bien frêle pour supporter l’imagination des réalisateurs, ainsi qu’une interprétation globale déroutante, plus proche de la récitation que du jeu.

Despedida / de Vinicius Lopes et Luciana Mazeto / avec Anaís Grala Wegner, Patricia Soso, Ida Celina, Sandra Dani / Brésil / 1 h 30 / sortie le 14 décembre 2022

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