Un vendredi soir de printemps dans le quartier latin ; quoi de mieux pour découvrir la suite de la selection de courts-métrages du Ganache Festival ? Au programme :
Jeanne Dinde, de Pauline Ouvrard :
Un coming-of-age movie avec une dinde en guise de représentation des troubles intérieurs d’une jeune fille introvertie ? Vous en rêviez ? Jeanne Dinde l’a fait. Derrière son postulat qui porte à rire, Pauline Ouvrard prend on-ne-peut-plus au sérieux son concept et flirte allègrement entre le teen-movie très juste et le pur film d’horreur, débarrassé de toute la lourdeur métaphorique qu’on pourrait craindre. Au contraire, l’étrangeté n’y est jamais factice et surprend précisément par son âpreté. – Paul Pinault

T’es en voie d’extinction, de Julien Crampon :
Deux jeunes hommes à vélo roulent vers nous, dans une campagne paisible. La légèreté de leurs mouvements va de paire avec l’apparente trivialité de leurs propos. Pourtant, au fur et à mesure que T’es en voie d’extinction progresse, une certaine gravité se fait sentir. Les garçons refont le monde à coup de “j’aurais voulu” et se dirigent vers une échéance qu’on devine inévitable. Ils n’ont pas le choix, il faut aller de l’avant. Le paysage reste le même et l’accomplissement demeure en hors-champ. Julien Crampon nous propose d’assister à quelques derniers échanges, avant tout un monde à affronter : celui que la caméra ne montre pas, celui qui est réel, mortel. Une promenade crépusculaire touchante, entre deux mondes. – Chloé Caye

Carla, de Kamel Guemra :
Un chauffeur privé entend un homme hurler sur sa copine. La police est incompétente. Carla se déploie lentement, à l’abri d’une voiture qui devient le dernier refuge de deux personnages dans une ville hostile. Une relation se construit dans les silences et les hésitations, dans l’espace laissé au traumatisme et à la guérison. Pas besoin d’idéaliser un sauveur ou d’exagérer la violence ; les actions sont données à voir telles qu’elles sont. Carla ne sacrifie pas la douceur à la colère mais montre que les actes les plus injustes peuvent coexister avec une humanité profonde et que cette dernière pourrait peut-être même l’emporter. – Alma Meillassoux

Le Caddie, de Nicolas Rimaud :
Comment représenter le trop plein, le surmenage, le débordement de l’employé de bureau ? Voilà ce à quoi tente de répondre Le Caddie. Un cadre enfermé, une image qui nous échappe perpétuellement, un trop plein d’informations, une foule de stimulis, les propositions cinématographiques ne manquent pas pour couvrir un tel sujet. Le lieu même de l’explosion, le temple, le paroxysme de la consommation contemporaine, le supermarché, se voit transfiguré en autel parfait, dans une mise en scène quasi cérémoniale du burn out. – Pierre Gaudron

Super Nova, de Juliette Saint-Sardos :
Dans le Marseille de Juliette Saint-Sardos, le grain de la pellicule ressemble à ceux du sable, qui se mélangent avec les galets. Les couleurs sont indissociables de leur scintillement. Une cinéaste de la lumière pour filmer une actrice solaire. Twin Peaks nous l’avait déjà prouvé, la voix angélique de Julee Cruise est sans pareil pour envelopper le filmage d’un corps féminin. En l’occurrence, avec Supernova, celui de Sasha, jeune femme errant dans les ruelles marseillaises et tentant d’échapper aux regards masculins. Les bruits de la mer, de la ville et de leurs habitants se mélangent : un bruit sourd pour évoquer les regards qu’on entend trop. De cette déambulation estivale ressort une nervosité palpable. Les corps se dorent au soleil et les esprits s’échauffent. Supernova accommpagne une jeune femme, le temps d’une journée. Une journée c’est bien peu mais c’est suffisant pour, au fil des rencontres imposées, se convaincre qu’on mérite, peut-être, d’enfin s’échapper. Car, dans Supernova, l’échappatoire n’est plus possible que dans un hors-champ libérateur, vers un ailleurs idyllique. – Chloé Caye et Paul Pinault
2ème séance : vendredi 21 avril à 21h au cinéma le Grand Action