Donjons et dragons : l’honneur des voleurs

Actuellement au cinéma

© Paramount Pictures

Après l’échec critique du film de 2000, dans lequel Jeremy Irons jouait un mage avec un penchant plus que marqué pour le dramatique, on pouvait s’attendre au pire pour cette nouvelle adaptation signée John Francis Daley et Jonathan Goldstein. Mais le résultat est une déclaration d’amour au jeu d’origine, qui réussit à ne pas perdre ceux qui ne connaîtraient pas les mécanismes complexes des fiches personnage et des lancers de dés 20.

Dès le début, nous sommes embarqués dans un monde de fantasy classique, à mi-chemin entre la Terre du Milieu et l’univers de Game of Thrones. Dans une immense prison de pierre perdue au milieu de plaines arctique, deux voleurs plaident leur cause. Edgin (Chris Pine) et Holga (Michelle Rodriguez) ont une revanche à prendre : une mage maléfique les a trahi pendant une casse et cela fait deux ans qu’ils n’ont pas pu voir la fille d’Edgin, laissée à la garde de l’escroc du groupe, Forge Fitzwilliams (Hugh Grant). Leur quête pour la retrouver les mène à former une bande de bras cassés aux passés plus ou moins tragiques, avec qui ils finissent par tisser des liens profonds et durables. Une aventure typique de jeu de rôle comme on les aime.

La force du film réside bien dans cette fidélité à une formule classique. Il ne prétend pas aller au-delà des codes premiers ou des sessions de jeux habituelles ; non, le scénario est simple et se donne comme tel. Les règles du jeu sont réappropriées de façon inventive, évitant l’écueil des contraintes qui auraient appauvri les scènes d’action et alourdi les enjeux dramatiques. On peut donc se laisser porter par l’histoire, qui a le mérite d’être assez entraînante pour faire oublier les faiblesses de tout blockbuster hollywoodien qui suivrait la formule Marvel. Les scènes dramatiques qui sonnent creux, les blagues intempestives insérées de force dans la narration, ou le manque de développement du personnage de la druide Doric (Sophia Lillis) sont autant de cases cochées qui font rouler des yeux quand on les voit arriver. Mais le trait est beaucoup moins marqué sur ces passages que dans les Marvel, ce qui les rend plus facilement digérable et permet de les ignorer au profit de scènes bien plus inventives, comme celle combinant un cimetière, des squelettes et un médaillon magique et qui n’est pas sans rappeler certains films de Sam Raimi.

C’est cependant le plaisir visible des réalisateurs à pouvoir s’amuser avec les règles de D&D qui marque le plus. Le film est parsemé de références à tous les clichés de sessions de jeu de rôle – depuis le nom outrancier de la Barbare, Holga  »Kilgore », jusqu’à un personnage de Paladin joué par Regé Jean-Page, bien trop puissant, qui part avant le combat final sous un prétexte fumeux pour ne pas déséquilibrer les forces en présence – et les acteurs s’en donnent à cœur joie, Hugh Grant désormais plus qu’à l’aise dans le rôle de traître mielleux et égoïste jusqu’au ridicule, ou Michelle Rodriguez parfaite en combattante au cœur d’or. Ces clins d’oeil permettent certes de souligner les faiblesses récurrentes de ce genre de scénario mais sont bien plus un jeu amical avec des lieux communs de la fantasy qu’une dénonciation sérieuse. Sans avoir honte de son matériau originel, Donjons et dragons : l’honneur des voleurs sait jouer du second degré et nous emmener dans un monde de fantasy assez bien construit pour faire oublier les lacunes narratives.

Donjons et dragons : l’honneur des voleurs / De John Francis Daley, Jonathan Goldstein / Avec Chris Pine, Michelle Rodriguez, Hugh Grant, Regé Jean-Page / Etats-Unis / 2h14 / Sortie le 13 avril 2023.

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