Le Jeune imam

Actuellement au cinéma

© Copyright Lyly Films – Srab Films

Kim Chapiron poursuit avec Le Jeune Imam la direction prise par Kourtrajmé (Ladj Ly est d’ailleurs coscénariste du film) dans leur exploration des nouvelles problématiques sociales inhérentes à la vie en banlieue. Chapiron et Ly optent ici pour une approche plus sociologique que spectaculaire contrairement aux précédentes productions du collectif. N’oubliant pas en chemin, voire en exacerbant, le style “Kourtrajmé”.

Ali est un fardeau pour sa mère. Ses méfaits d’adolescent turbulent finissent par entacher son nom. Elle décide alors de l’envoyer au Mali dans la médersa de son village d’origine. Son éducation terminée, il rentre en France où ses talents d’orateur le conduisent à devenir Imam de sa cité, malgré les doutes de sa mère. Grisé par son succès, il organise lui-même des voyages à La Mecque, aidé par une obscure association. Un projet qui finalement s’avère être une arnaque. Ali, malgré son innocence, devient le coupable idéal…

Le début du film nous confronte directement au style Kourtrajmé, montage rapide, étalonnage stylisé, caméra épaule, cadres chargés… Le tout renvoyant à une certaine image “clip”, assumée dans l’esthétique globale du collectif. Qu’on y adhère ou non, le film semble manquer de respiration et gagnerait à nous laisser profiter de ses cadres, de ses décors, de ses costumes… Le récit tient quant à lui largement la route, construit avec une réelle intelligence narrative, le duo Chapiron/Ly nous délivrant certaines séquences clefs parfaitement amenées (la première récitation du coran d’Ali par exemple). L’exploration théologique contemporaine d’un Islam qui se doit de répondre à une société en perpétuelle évolution tout comme celle des rouages locaux de l’organisation spirituelle autour de la mosquée sont à saluer.

Chapiron développe ici un point de vue interne aux communautés musulmanes des cités, avec l’intelligence d’éviter tous les marronniers du film social/film de banlieue classique (du moins dans ses réflexions et dans ses aspirations). Notons également une très bonne interprétation d’Abdulah Sissoko qui fait parfaitement corps avec son personnage, et celle de tous les rôles secondaires (Hady Berthe en matriarche froide  ou encore Moussa Cissé en sidekick à la fois drôle, intelligent et touchant). Tous inconnus au bataillon, tous complètement incarnés. Le film, non exempt de défauts, trouve donc un immense capital sympathie, qui semble découler d’un geste sincère de cinéma. 

Le Jeune imam / De Kim Chapiron / Avec Abdulah Sissoko, Hady Berthe, Issaka Sawadogo / 1h38 / France / Sortie le 26 avril 2023.

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