Daaaaaali !

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© Atelier de production - France 3 Cinema 2023

Alors que pleuvent, ces temps-ci dans les salles obscures, les biopics en tous genres, le prolifiquissime Quentin Dupieux s’attaque au frappadingue Salvador Dali… Tournoi au cours duquel le roi de l’absurde au cinéma portraitise le marquis, insigne peintre espagnol et principal représentant du surréalisme. Deux artistes décalés et appréciés du public. Un long-métrage qui promet. Ce titre éponyme n’en est pas moins le signe d’un biopic, on s’y attend. Une comédie dupieusienne d’ailleurs un peu plan-plan.

Judith (Anais Demoustier), une ancienne pharmacienne en reconversion dans le journalisme décroche une interview avec le maître, Dali. Lors de leur court entretien, le peintre, fasciné par l’objet caméra et par l’idée même de sa propre image filmée s’indigne que l’entrevue ne soit pas enregistrée. La jeune française ne désespère pas. Elle compte bien conclure ce projet, quelles qu’en soient les conditions de ce fameux personnage et de cette nouvelle industrie qu’elle côtoie. 

Tour à tour, interprété par un sextuor d’acteurs, la construction de l’exubérant et  grandiloquent homme aux six « A », aurait-elle pris le pas sur l’illustre originalité scénaristique du réalisateur ? À la réunion des artistes irrationnels, la somme d’un Dupieux-Dali s’avère bien négative… Au vu des précédentes œuvres du cinéaste, les partis pris esthétiques, dans une continuité évidente avec le travail du peintre, apparaissent faciles et redondants. Les procédés sont connus, le long-métrage prévisible. 

Alors que pleuvent les chiens dans le monde de Dali, le comique de répétition poussé à son paroxysme, les mises en abîmes perpétuelles, les rêves dans les rêves, les jeux sur l’attente du spectateur, les expérimentations et images décalées sont autant d’éléments qui ne nous font désormais plus que vaguement sourire. Si un discours sous-jacent plus profond sur le fonctionnement de l’industrie artistique et de ses rouages ponctue le film ; le sujet principal, Dali, le dingo méprisant et imbu de sa personne, semble être un simple prétexte à faire un film peu réfléchi.

Pour les cinéastes comme Dupieux, chaque film s’inscrit infailliblement comme une œuvre à part entière, élément de continuité au sein de son Œuvre. Un peintre ne réussit pas tous ses tableaux. Vivement le prochain Dupieux !

Daaaaaali ! / De Quentin Dupieux / AvecAnaïs Demoustier, Gilles Lellouche, Edouard Baer, Jonathan Cohen / France / 1h18 / 7 février 2024.

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Auteur : Lise Clavi

Lise. Fondamentalement indécise, mais de cinéma, définitivement éprise. Mon année à travailler pour des festivals cinématographiques, mon temps libre à cultiver mon intérêt pour l’actualité artistique. Décoller vers une nouvelle destination pour filmer de nouveaux horizons.

2 réflexions sur « Daaaaaali ! »

  1. La conclusion est sévère mais assez juste.
    Néanmoins, un Dupieux, bon ou un peu en dessous, reste une invariable source de plaisir, ludique et cinématographique. On se demande à chaque reprise où sera la porte qui baculera vers L’étrange, vers l’étonnant, le surprenant. Avec Dali comme modèle, il y a évidemment profusion de possibilités que Dupieux explore en partie. J’aime assez le fait qu’il fasse venir Dali à lui et non pas l’inverse, ça change des biopic conventionnels.
    Mais je suis d’accord, il a fait mieux avant.

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