
Sorcellerie, sang, flammes et romance queer. Que ma volonté soit faite mélange plusieurs esthétiques cinématographiques en vogue ces dernières années : on y retrouve notamment les braises et les tensions érotiques lesbiennes inavouées de Portrait de la jeune fille en feu ou la jeune héroïne ténébreuse, aux yeux taiseux mais profonds, de Grave. Le film de Julia Kowalski prend ces tendances comme de solides appuis pour prétendre à une fable féministe, quitte à s’engouffrer dans un scénario particulièrement bancal.
L’intrigue multiplie les ressorts sans s’attarder sur aucun : la démence de Nawojka se justifie avec une trop grande facilité – son goût pour le satanisme est l’héritage de sa mère, mais nous ne connaîtrons jamais son histoire – ; ses frères sont présentés comme des brutes sans nuance et, enfin, la romance esquissée entre l’héroïne et sa voisine (qui correspond elle aussi à une sorte de cliché de la jeune fille torturée) se réduit à une série de longs regards lointains ou de conversations trop rapidement écourtées. Beaucoup d’éléments, à priori centraux dans l’intrigue, font office de figuration. Les racines polonaises des protagonistes, la chasse aux sorcières menée par les villageois ou même l’idée du désir-métamorphose, deviennent des idées seulement effleurées ; qui s’accumulent parmi tant d’autres sous-intrigues. Les personnages, comme les dialogues, semblent uniquement destinés à s’insérer dans une symbolique grossièrement imitée.
En revanche, la photographie s’avère, elle, remarquable. La nuit, la forêt et le feu participent à une esthétique médiévale, en parfait accord avec le propos et la tonalité du film. Malheureusement pour Julia Kowalski, un beau décor ne suffit pas à occulter toutes les faiblesses scénaristiques dont souffre Que ma volonté soit faite…
Que ma volonté soit faite / De Julia Kowalski / Avec Roxane Mesquida, Raphaël Thiéry, Jean-Baptiste Durand, Maria Wróbel et Laurence Côte / France, Pologne / 1h35 / Sortie le 3 décembre 2025.