
Depuis la déferlante des productions A24 (Hérédité, The Lighthouse), le cinéma d’auteur horrifique continue de s’offrir une cure de jouvence, accordant une part de plus en plus importante aux femmes. C’est dans cette démarche que s’inscrit Relic, premier long-métrage de l’australo-japonaise Natalie Erika James, qui malheureusement ne tient pas longtemps le choc face à la concurrence.
On y suit le quotidien compliqué de Kay (Emily Mortimer) dont la mère octogénaire Edna (la talentueuse Robyn Nevin) est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Lorsque cette dernière disparaît de son domicile sans laisser de traces, Kay se lance à sa recherche, accompagnée par sa fille Sam (Bella Heathcote). Contre toutes attentes, Edna réapparait et se montre de plus en plus étrange et agressive avec sa famille. Est-ce là la simple conséquence de sa maladie ou quelque chose de plus malfaisant encore ?
Dès l’arrivée de Kay et sa fille dans la vieille maison familiale, le programme du film se dévoile sans détour. Relic est un huis-clos d’horreur blindé d’influences diverses et porté par un authentique savoir-faire. Magnifiquement éclairée, toute faite de clairs-obscurs et petites pièces exiguës, la maison instaure bien vite une atmosphère angoissante à souhait, petit coin de paradis virant à l’enfer une fois la nuit tombée. Isolée en pleine campagne, la petite bicoque se fait un terreau idéal pour les quelques sursauts que le film réserve dans sa première partie.
Hélas, Relic n’aura pas grand-chose de plus à offrir tant son histoire, pourtant thématiquement bien remplie (la peur de la vieillesse et de la mort, le poids de l’hérédité, l’emprise psychologique) manque cruellement d’incarnation. Si la bonne volonté de la réalisatrice et de ses trois impeccables comédiennes fait plaisir à voir, le film souffre en fin de compte d’un cruel déficit de mythologie. Jamais le long-métrage ne transcende son imaginaire classique de maison hantée, dont la puissance évocatrice s’est tarie depuis longtemps. Il serait toutefois un peu sévère de condamner d’un même geste le film et sa créatrice. Relic est un coup d’épée dans l’eau, certes, mais il contient néanmoins, dans son ADN profond, une vraie pulsion de cinéma que l’on devine alimentée par une cinéphilie multiple, à mi-chemin entre l’épouvante psychologique et le body horror dépressif. Un héritage que le climax très surprenant parvient in extremis à réactiver, marquant peut-être la première étape maladroite d’une carrière à suivre.
Relic / De Natalie Erika James/ Avec Emily Mortimer, Robyn Nevin, Bella Heathcote / Etats-Unis-Australie / 1h 30min / Sortie le 7 octobre 2020.
Pas à rejeter totalement donc, même si le pitch évoque furieusement le tétanisant « Hereditary » de Aster. Pourquoi pas une petite frayeur en ces temps si ternes.
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