
Neil se rend en vacances à Acapulco avec sa sœur et ses deux enfants (que l’on croit d’ailleurs être sa femme et ses enfants). Lorsque leur mère (celle des deux adultes) meurt soudainement, ils doivent écourter leurs vacances paradisiaques pour rentrer en Angleterre. Neil prétexte alors un oubli de passeport afin de rester à Acapulco. Tout comme cet incipit de critique, Sundown met en scène une intrigue tout à fait banale mais aussi bancale, que viennent alourdir de trop nombreuses parenthèses.
Des écailles de poissons aux carreaux du fond de la piscine, le film de Michel Franco fait miroiter des désirs, ou des dégoûts. Neil a tout pour être heureux, mais qu’il y a-t-il de l’autre côté du miroir ? Réponse : pas grand chose de plus. Le Acapulco plus humble dans lequel il entend s’épanouir ne propose rien de radicalement différent de ce qu’il a connu auparavant. Si ce n’est une jeune mexicaine avec qui il se lie de passion trop rapidement. Ce qu’il perçoit comme la vacuité de son existence ou l’inutilité de ses actions se fond avec le propos du film. On devine une rupture émotionnelle, voire une facture ou une crise existentielle, mais elles ne sont jamais matérialisées. Évoquer une idée sans la montrer est un exercice d’abstraction trépidant. Pourtant, dans cette errance, certes en bonne compagnie – Tim Roth est, comme toujours, magnétique – on ne décèle nulle poésie, nulle transcendance.
Disparate et mal agencé, le récit devient finalement complaisant et hermétique. De son personnage, le film prend le rythme languissant mais également l’égoïsme. Comme tous ceux qui croisent son chemin, le spectateur est mis à l’écart. On ne lui demande aucun investissement, aucun attachement. Les images concernent Neil, et la torpeur dans laquelle Neil s’enfouit ne concerne que lui. De cette longue promenade sur la plage et sous le soleil nous ne garderons donc qu’un vague souvenir, assommant.
Sundown / De Michel Franco / Avec Tim Roth et Charlotte Gainsbourg / Mexique / 1h23 / Sortie le 27 juillet 2022.