Les meilleurs films d’été

La Fille du 14 juillet © Ecce Films

La plage, la mer, le soleil, les grandes maisons, les amours de vacances, les flâneries, les sens échauffés et les corps dénudés, bref, vous l’aurez compris : l’été est arrivé ! La saison estivale, son atmosphère, ses lieux et ses rencontres sont des thèmes qui ne cessent d’inspirer les cinéastes. Retour sur dix films dans lesquels l’été a son rôle à jouer.

Monika, d’Ingmar Bergman (1953)

Cinéaste que d’aucuns qualifieraient plutôt d’automnal, en raison de thèmes et récits souvent tragiques et ténébreux, Bergman se conjugue pourtant bel et bien à la lumière irradiante de l’été ; ne serait-ce que dans les Jeux d’été (1951) ou Sourires d’une nuit d’été (1955), dont les titres indiquent sans équivoque sa place prépondérante, et bien sûr dans le sensuel et mémorable Monika. Si l’on se rappelle aisément le regard caméra devenu mythique de Harriet Andersson, acclamé à l’époque par un Godard ébahi, certains ont peut-être oublié les atours enivrants de l’été suédois, la nature innocente et paisible de l’île d’Ornö, ou encore l’érotisme suintant de la jeune héroïne. L’été y apparaît non seulement comme la saison du désir, des possibles et du transitoire, mais aussi comme l’espace-temps d’une émancipation corporelle et morale, en contradiction avec les impératifs et les dogmes sociétaux que cristallise la ville. Enfin, il est surtout l’image fragile d’un bonheur impossible. – Albin Luciani

Sept ans de réflexion, de Billy Wilder (1955)

Pour protéger sa femme et son fils des températures élevées de l’été new-yorkais, Richard Sherman (Tom Ewell) envoie ces derniers dans le Maine afin qu’ils passent la saison au frais. Désormais seul dans son appartement new-yorkais, l’arrivée d’une nouvelle voisine pétillante (Marilyn Monroe) bouscule son quotidien : il développe rapidement une obsession pour cette dernière… Avec cette comédie estivale adaptée de la pièce de théâtre du même nom, Billy Wilder a su détourner avec malice la censure imposée par le code Hays. Tandis que la pièce de George Axelrod traitait frontalement de l’adultère, le film aborde la thématique de manière implicite, sous la forme des fantasmes du personnage masculin annoncés par des fondus enchaînés au charme désuet. La mise en scène de Billy Wilder confère un rythme savoureux à cette comédie rafraîchissante pour l’été. L’occasion de voir ou revoir la fameuse scène de la bouche de métro, devenue l’un des moments les plus iconiques du cinéma hollywoodien, au cours duquel une Marilyn Monroe amusée peine à retenir sa robe blanche soufflée par un courant d’air. – Claire Massot

© Twentieth Century Fox Film Corporation

Plein soleil, de René Clément (1960)

Alain Delon, Maurice Ronet et Marie Lafôret sont sur un bateau… Le film de René Clément devenu un incontournable a de quoi nous faire chavirer : triangle amoureux, jeux de pouvoir, meurtre et usurpation d’identité. Notre perception des personnages et notre compréhension de leurs actions tangue, change de bord au gré du vent et des vagues. Ce (quasi) huit-clos en haute mer frappe de par sa maîtrise impeccable du suspens, son sens étrangement moderne de l’illusion et la musique de Nino Rota qui accompagne superbement cette dangereuse virée estivale. Entre le bleu clair étourdissant du ciel et le bleu foncé enivrant de la mer, il y a celui du regard vénéneux d’un jeune Alain Delon. Un regard qui colle à la peau. – Chloé Caye

Le Fanfaron, de Dino Risi (1962)

Retour à nos années étudiantes… Quoi de plus agaçant que cet ami cherchant absolument à nous dissuader de travailler, armé de propositions trop tentantes pour un élève s’assignant absurdement à résidence, afin d’apprendre ses leçons par des journées ensoleillées. L’horripilant klaxon d’une Lancia Aurelia retentit : Bruno (fantastique Vittorio Gassman dans le rôle de cet insupportable et exubérant personnage) vient vous chercher. C’est Roberto (délicieux timide, interprété par notre regretté Trintignant) qui lui ouvre sa porte. Circonspect, le jeune étudiant est entraîné par cette tornade, en tous points son opposé. Il n’osera pas l’éconduire alors que Bruno reconduit, justement, de manière permanente, l’adresse finale de leur destination. Une comédie à l’italienne comme on en raffole, alors qu’installés sur le troisième siège de l’automobile, nous transpirons aux côtés des deux camarades, sillonnant les routes italiennes de la côte depuis Rome en plein mois d’août. Mais les vacances, comme l’existence, ne sont pas été-rnelles, et c’est d’ailleurs ce qui fait le charme de cette parenthèse, pour ceux qui n’ont pas pour constant objectif celui d’être vainqueur. – Lise Clavi

© Solaris Distribution

La Piscine, de Jacques Deray (1969)

Film légendaire à l’érotisme éthéré, réunissant Alain Delon et son ancienne amante Romy Schneider ainsi que Jane Birkin, La Piscine cristallise un certain sentiment de l’été. Sous le soleil écrasant de la Côte d’Azur qui pousse aux tenues légères et aux après-midi languissantes, les désirs se dévoilent au grand jour quand les jalousies se taisent pour mieux ressurgir dans la fraîcheur de la nuit. Tout y est iconique, Delon allongé sur le bord de la piscine, Schneider et ses robes toujours plus osées, Birkin toute ingénue… Au delà de l’intrigue, c’est toute une esthétique que l’on retiendra du film, une sensualité permanente des corps, surtout celui de Delon, donné à la postérité dans ces entremêlement de bleu et de doré. Une suite logique au Plein Soleil de René Clément, instiguant définitivement la persona de l’acteur et relançant la carrière de son ex compagne. À voir et à revoir pour se brûler les yeux en évitant le soleil de plomb. – Pierre Gaudron

Conte d’été, de Eric Rohmer (1996)

Difficile de consacrer un article aux films d’été sans y intégrer celui qu’Eric Rohmer a dédié à cette saison. Dinard, l’été. Gaspard, étudiant en mathématiques, arrive sur la Côte d’Émeraude pour retrouver Léna, la jeune fille dont il s’est épris. Alors que cette dernière repousse sa venue, Gaspard rencontre Margot, étudiante en ethnologie, puis Solène, dont il fait la connaissance lors d’une soirée. Les vacances deviennent un temps de déambulations durant lequel le jeune homme découvre les nuances du sentiment amoureux. Dans ce troisième volet des Contes des quatre saisons, Rohmer badine avec l’amour. Il explore les prémices du sentiment dans le cadre solaire et maritime de la côte Bretonne. La dynamique de Conte d’été mime le rythme ralenti et libéré de la saison, et creuse la prétendue légèreté de certains sentiments. Une promenade douce et ensoleillée qui darde longtemps les spectateurs de ses rayons. – C. M.

© Les Films du Losange

La Fille du 14 juillet, de Antonin Peretjatko (2013)

À la sortie du premier long-métrage d’Antonin Peretjatko en juin 2013, Jean-Baptiste Morain des Inrockuptibles titrait sa critique « La fille du 14 juillet, du joyeux n’importe quoi raconté n’importe comment ». Me voici convaincue qu’il n’existe pas de meilleur résumé. Jour de fête national, Hector (Grégoire Tachnakian) rencontre Truquette (Vimala Pons) au Louvre. Afin de la séduire, Hector orchestre une traversée de la France en voiture avec quelques amis, direction la mer. Mais patatras, pour renflouer les caisses en période de crise, le gouvernement décide d’avancer la rentrée d’un mois et notre groupe est contraint de regagner la capitale. Peretjatko exhume l’ancien pour parler de notre époque alors que foisonnent les références en tous genres. Au rythme accéléré de cette comédie qui déborde de partout et surnage pourtant, dans ce pays toujours à feu et à sang, l’été est synonyme d’échappatoire. La fille du 14 juillet fait partie de ces films dont nous rêvions en secret, un truculent road movie burlesque à la puissance comique aussi tranchante que la lame d’une guillotine (c’est vous dire). Concluons peut-être par cette sage réplique : « C’est ça les vacances, les femmes, l’alcool, la voiture ». – L. C.

Call Me By Your Name, de Lucas Guadagnino (2017)

Élio ressent une attirance troublante pour Oliver, de quelques années son aîné. Le croisement d’un regard ou l’effleurement de mains sont pour le jeune homme autant de miracles que de malédictions. Luca Guadignino filme la naissance et l’épreuve du désir adolescent, à fleur de peau. Mais le premier amour en est un dévorant, obnubilant, tyrannique. Dans son éclosion, son épanouissement et son évanouissement, il réclame l’absolu. Call me by your name c’est un roman d’apprentissage; celui de la dévotion à autrui. Dévotion de l’esprit et de la chair, sans distinction. Des maillots de bain qui sèchent, des promenades à vélos, des fruits et un piano : dans cette atmosphère estivale s’échangent des premiers baisers et de premiers adieux. À travers l’histoire d’un amour qui meurt lorsque finit l’été, Luca Guadagnino donne vie à un superbe éloge de l’intensité et au phénomène Timothée Chalamet. – C. C.

Mektoub My Love : Canto uno, de Abdellatif Kechiche (2017)

Le film d’été ultime ? Sans parler pour Kechiche, on croirait presque que ce fût là sont but et, n’en déplaise à ceux qui le honnissent, Mektoub my love s’affirme comme le signe indubitable du statut rare et précieux de son auteur parmi les cinéastes contemporains. Kechiche adapte ici un roman de François Bégaudeau, La Blessure, la vraie (2011), qu’il choisit de trahir copieusement, et ce, avec la bénédiction de l’intéressé. À condition bien sûr, explique Bégaudeau, que le film soit grand. Et grand, il l’est, bien qu’éminemment aminci en termes narratifs. On est à Sète, en 94. Le jeune Amin, apprenti scénariste fraîchement parisien, passe ses vacances dans sa ville natale en alternant sorties au bar, au restaurant familial, et surtout, à la plage. Kechiche considère son film comme une œuvre impressionniste, or rarement la lumière n’aura paru avec autant de nuances, aussi vive, aussi changeante. Dans Mektoub My Love, la vie elle-même semble jaillir de chaque pore de l’image. Tout ce qui fait l’été se trouve réuni dans ce « [film] sur rien », pour détourner le mot de Flaubert, en tant que tout est là, sensible, frissonnant, sans que l’on ait besoin d’y ajouter du sens. – A. L

© Quat’Sous Films / Pathé Films / France 2 Cinéma / Good Films / Bianca / Nuvola Film

L’Île au trésor, de Guillaume Brac (2018)

Une bande de gamins malicieux, bien décidés à profiter des plaisirs aquatiques, nous fait entrer par un chemin de traverse dans la base nautique de Cergy. C’est tout un univers qui s’ouvre à nous que Guillaume Brac s’emploie à explorer dans ses moindres recoins. Avec un humour bien à lui, le cinéaste nous dévoile la vie rayonnante de la plus grande base de loisirs d’île de France. Avec ses joies enfantines, ses premiers émois adolescents, ses déjeuners familiaux, ses douces balades… C’est toute une organisation qui nous est également montrée, des chefs bien trop sérieux, des moniteurs éphèbes charmeurs et insolents, des vigiles un peu trop bienveillants. Un bataillon burlesque au service des vacanciers ! Un documentaire tout aussi sociologique que comique, tout en sensations estivales. De quoi raviver nos plus beaux souvenirs d’enfance…-P. G.

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