
Tully raconte l’histoire de Marlo, une mère de famille qui subit une dépression après la naissance de son troisième enfant. Elle est impuissante face aux dégâts de la grossesse sur son corps, elle peine à s’occuper des problèmes scolaires de ses ainés et à gérer le domicile familial sans l’aide d’un mari désintéressé. Afin qu’elle puisse se reposer, son frère engage pour elle une baby-sitter. Sa vie va alors changer dès l’arrivée de la jeune Tully. Le film de Jason Reitman est assez inclassable, il oscille entre comédie familiale et drame psychologique. Le genre n’est cependant pas ce qui intéresse le réalisateur, il veut raconter une histoire, une période de vie. Juno puis Young Adult : la plupart de ses films traitent de l’acte de grandir. Ici, il s’agit du moment où l’on dit au revoir à sa jeunesse et accepte la responsabilité d’être adulte.
Par le biais de personnages très détaillées, il filme un moment crucial dans la vie d’une femme. Cette attention aux détails est notamment dû au script. La scénariste Diablo Cody, avec qui Jason Reitman a travaillé sur ses films précédents, s’inspire de son experience personnelle pour écrire. Elle parvient donc parfaitement à capturer un sentiment précis, que le réalisateur nous retranscrit ensuite à l’écran. C’est sous un angle « ultra-réaliste » que l’histoire est traitée. Le film offre une certaine visibilité aux femmes, qui manque cruellement au cinéma. Les comédies américaines sur les jeunes adultes ou les couples, montrent souvent les personnages de manière assez glamour ou idéale. Dans Tully, rien n’est dissimulé, tout est montré tel quel. Ce n’est pas pour autant que le film est d’un sérieux mortel. Tandis que son thème est certes sérieux, le film reste hilarant. Encore une fois, il se démarque car il évite tous les clichés que l’on retrouve généralement dans les comédies familiales. Il n’hésite pas à trouver de l’humour partout et être assez grinçant.
Le réalisateur parvient donc à combiner humour et réalisme, mais aussi toute l’intensité du thème choisi. Cette force brute est matérialisée par Charlize Theron, qui s’est métamorphosée pour incarner cette mère de famille. Le film ne serait pas ce qu’il est sans cette interprétation magistrale. Mackenzie Davis continue aussi, pour notre plus grand plaisir, d’envahir nos écrans. Depuis la série Halt and Catch Fire, en passant par Black Mirror puis dernièrement Blade Runner 2049, la jeune actrice est toujours aussi resplendissante.
La réalisation est tout aussi soignée que les performances. Le montage est aussi particulièrement dynamique. Le son n’est également pas délaissé, parfois oppressant, parfois relaxant. L’image est au service de l’histoire et vice versa. Il anticipe les réactions du spectateur, ses attentes et joue avec. Il l’attire ou le met à l’écart, le conforte ou le bouscule sans jamais aller trop loin dans un cas ou l’autre.
Tully, sans être un grand film, possède une certaine importance quant à l’image des femmes au cinéma. Le film est donc bien plus qu’il ne laisse paraître. Une oeuvre marquante sur l’age adulte et la famille, dans un cinéma un peu trop aseptisé à ce sujet.
Tully / De Jason Reitman / Avec Charlize Theron, Mackenzie Davis, Mark Duplass / Etats-Unis / 1h36 / Sortie le 27 juin 2018.
Une réflexion sur « Tully »