Nevada

Au cinéma le 19 juin 2019

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©Ad Vitam

L’actrice française Laure de Clermont-Tonnerre s’est dirigée vers les grands espaces du Nevada pour tourner son premier long-métrage en tant que réalisatrice. Elle s’empare d’un fait réel à forte teneur romanesque : dans cet état existe un programme de réinsertion carcérale qui repose sur la domestication de mustangs sauvages par des détenus. Les résultats sont souvent concluants pour les prisonniers, car ils sont ensuite beaucoup moins sujets à la récidive. C’est dans ce programme que s’engage Roman (Matthias Schoenaerts), un homme au caractère renfermé et abrupt, incarcéré en plein milieu du désert. S’il se montre d’abord réticent, violent, de nouveaux sentiments vont peu à peu s’extraire de sa solitude.

La réalisatrice s’est entourée de figures tutélaires pour inscrire son film dans la grande tradition du western, à laquelle elle mêle le genre carcéral : le professeur de dressage est interprété par le vétéran Bruce Dern, connu pour avoir été notamment le seul acteur à « tuer » John Wayne (dans Les Cowboys de Mark Rydell, en 1972), et le producteur exécutif n’est autre qu’un certain Robert Redford. La présence des deux acteurs plane et infuse Nevada sans en occuper trop l’espace, car Laure de Clermont-Tonnerre parvient à invoquer avec personnalité les fantômes de l’Ouest américain (ce qui n’était pas évident). Un véritable regard de cinéaste confère au récit sa force réaliste, la maîtrise de la mise en scène évite de donner une impression de déjà-vu. Le plan d’ouverture stupéfie, embrassant un sentiment d’immensité en même temps qu’il désigne le drame de la captivité, mais la cinéaste privilégie surtout le portrait dans un resserrement : elle s’attache à parler d’un homme qui a perdu pied après avoir commis l’irréparable, et à qui l’on offre la possibilité d’être sauvé par une relation qui repose purement sur des affects. Le parallèle dressé entre les deux captivités – celle des chevaux et celle des prisonniers – est simple et évident, mais il laisse place à la naissance d’une alchimie singulière, entre la brutalité innée de Roman et la faroucherie du cheval. Il faut dire que Matthias Schoenaerts interprète avec brio le personnage principal. Le registre de l’homme massif et bourru qui intériorise ses sentiments n’est pas nouveau pour lui, mais il y excelle. Nevada raconte comment un homme appréhende ses propres émotions et parvient à les contrôler, à les éprouver en harmonie avec ce qui l’entoure : une leçon de jeu d’acteur, en somme.

Nevada / De Laure de Clermont-Tonnerre / Avec Matthias Schoenaerts, Jason Mitchell, Bruce Dern, Gideon Adlon / France – Etats-Unis / 1h36 / Sortie le 19 juin 2019.

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