
War horse est un roman britannique écrit par Michael Morpurgo en 1982. Il raconte l’histoire du jeune Albert qui se retrouve en possession d’un poulain qu’il nomme Joey. Rapidement, un lien très fort s’installe entre le jeune homme et l’animal. Lorsque la première guerre mondiale éclate, Joey est vendu à la cavalerie. Albert décide alors de s’engager dans l’armée dans l’espoir de retrouver son compagnon.
Le roman qui connaît en 2011 une adaptation filmique réalisée par Steven Spielberg avait déjà été adapté sur la scène théâtrale anglaise quelques années auparavant. En 2007, Nick Stafford propose une version scénique qui voit le jour au National Theatre, à Londres. Après un grand succès à Broadway, une reprise dans son théâtre d’origine cette année et une tournée en Angleterre, la pièce est enfin jouée en France à la Seine Musicale.
La pièce naît d’une collaboration géniale entre les metteurs en scène Marianne Elliott (Angels in America) et Tom Morris (The Grinning Man). Le point fort de Morris reste indéniablement son utilisation de marionnettes. Ici de tailles réelles, elles se voient accorder les rôles des chevaux et autres animaux. Leur manipulation est tellement impeccable – du frétillement des oreilles au posé du sabot – que l’on oublie dès les premières secondes qu’il ne s’agit pas de vrais animaux. Cette superbe poésie qui émane de l’utilisation de marionnettes se révèle encore plus forte lorsque confrontée aux thèmes et paysages grandiloquents évoqués dans la pièce. Cette pratique très anglo-saxonne de l’implication des marionnettistes dans la mise en scène lui donne un aspect incroyablement physique. L’usage absolu de tout l’espace que le plateau peut offrir de manière très chorégraphiée reflète parfaitement le caractère épique de la pièce. C’est ici l’apport essentiel de Marianne Elliott, qui parvient toujours à mettre en avant les tournures homériques d’une œuvre tout en décuplant le potentiel sensible de chaque détail. Elle permet au contexte historique de coexister avec l’arc narratif personnel du personnage et donne aux deux éléments une intensité commune et inébranlable.
War horse fait partie de ces expériences théâtrales absolument stupéfiantes, sa conception et représentation relevant presque de la magie. C’est avec un émerveillement rare que nous voyons ces animaux prendre vie et avec un intérêt sincère que nous suivons leur parcours. Les deux forces créatrices que sont Marianne Elliott et Tom Morris se rencontrent ici pour donner naissance à une œuvre sensible et éloquente, à l’impact émotionnel phénoménal.
War horse / De Nick Stafford / Mise en scène de Tom Morris et Marianne Elliott / Du 26 au 29 décembre 2019 à la Seine Musicale.
Sans avoir vu le spectacle, j’a vu une démonstration de ces chevaux mécaniques à l’œuvre, et ils sont très impressionnants !
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