
La nouvelle création Netflix nous propulse dans une Vienne gothique du XIXème siècle. Dans ce lieu apparemment propice aux criminels fous, aux chambres de torture sur les quais de rivières, aux célébrations sataniques et aux complots politiques déjantés, un jeune Sigmund Freud arrive à la recousse.
Dans la série autrichienne et allemande, pourtant dite « historique », de Marvin Kren, il s’agirait de démontrer que le père de la psychanalyse était, à ses débuts, une sorte de Sherlock Holmes cocaïné et son Watson une jeune voyante tourmentée. Si Freud se passionna effectivement pour l’hypnose avant de mettre en place le principe de la psychanalyse tel que nous le connaissons, le portrait qui nous est dressé ici frôle le burlesque. Dès les premières minutes de la série – Freud répète une séance d’hypnose avec sa femme de chambre avant de lui proposer fièrement une dose de cocaïne pour mieux continuer le travail – il est difficile de savoir si l’on assiste à ce qui se voudrait une reconstitution fidèle ou bien une caricature pure et dure. Si l’aspect caricatural n’est jamais voulu (mais pas moins présent), il est impossible de regarder Freud comme une quelconque lecture historique ou biographique du célèbre médecin tant son intrigue atteint des sommets d’insensé.
Les huit épisodes de 55 minutes, qui passent terriblement lentement, plongent les personnages dans des enquêtes tout aussi mystiques que ridicules, qu’il devient de plus en plus compliqué de suivre. Faire de Freud un détective afin d’expliciter ses méthodes d’analyse pour un public moins averti et surtout plus jeune aurait pu être une idée rationnelle, mais de là à en faire un chasseur de démons aux pouvoirs d’hypnose plutôt douteux, qui de temps à autre bafouille une explication psychologique de bas étage, c’est fortement contre-indiqué. Marvin Kren crée ici un amalgame grotesque de tous les champs d’études du médecin pour les doubler d’aventures spirituelles et politiques sans queue ni tête. L’intrigue semble s’écrire au fil de la série, chaque épisode tentant de surpasser le précédent dans sa bêtise.
Ce pot-pourri scénaristique trouve malheureusement son équivalent visuellement. Les quelques plans nous donnant à voir Vienne, grossièrement reconstituée en images de synthèse, sont juxtaposés à d’autres toujours marqués par une déferlante d’effets visuels et d’images subjectives sans aucun intérêt : Freud tente de mettre en place une intensité constante, en vain. Les scènes horrifiques qui se multiplient plus la série avance laissent le spectateur totalement apathique ou, au mieux, lui décochent un rire d’aberration.
Il ne reste donc plus qu’à espérer que les critiques acerbes que Freud a suscité dissuaderont la plateforme américaine de s’attaquer à d’autres grandes figures savantes avec une approche aussi clownesque.
Freud / De Marvin Kren / Avec Robert Finster, Ella Rumpf, Georg Friedrich / Autriche – Allemagne / 8 x 55mn / 2020.
Merci Chloé Pour ton excellente critique et de ne pas apprécier la caricature facile et tellement défensive contre Freud et la Psychanalyse.
Une lectrice impartiale…qui n’a pas vu la série…
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