Apocalypse Now

Rétrospective Palme d’or

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Martin Sheen (Capitaine Willard) © United Artists, Gaumont Buena Vista International

Le 20 mars 1976 débute le tournage d’Apocalypse Now. Initialement prévu pour durer quatre mois, il s’étendra sur plus d’un an. En 1979, le film de Francis Ford Coppola n’est pas encore prêt et sera projeté au festival de Cannes avec la mention « work in progress ». 

Librement inspiré du roman Heart of darkness de Joseph Conrad et des mémoires de Michael Herr, le film suit le personnage du capitaine Willard, envoyé en mission pour tuer Walter Kurtz, un colonel de l’armée américaine devenu fou durant la guerre du Vietnam. Le parcours chaotique de Willard au cœur de la jungle reflète celui de la création du film : un typhon ravage les décors, Coppola se voit obligé d’hypothéquer sa maison pour répondre aux contraintes budgétaires et Martin Sheen est victime d’un arrêt cardiaque pendant le tournage. Exaspérés, les studios renomment le film Apocalypse When? 

Lors des premières projections, le film reçoit des critiques majoritairement négatives. C’est au festival de Cannes que le réalisateur peut se permettre un premier soupir de soulagement, amplement mérité. Apocalypse Now, qui décroche la Palme d’or en 1979, est à l’image de son tournage : un voyage hallucinogène monstrueux et magnifique. Coppola entraîne ses personnages vers une déshumanisation totale. Une divine comédie dans un enfer que l’homme s’est lui même construit. Sans le moindre manichéisme, le réalisateur s’attaque à l’hypocrisie de l’impérialisme et les dangers du pouvoir. Le film fait progresser parallèlement la détresse psychologique des personnages et l’absurdité de leur environnement : Apocalypse Now est une gradation de visions irréelles, une mise en scène grandiose de la folie. S’en dégage un lyrisme mystérieux et une violence pittoresque. Le directeur de la photographie Vittorio Storaro réalise un travail phénoménal, nous donnant à voir une jungle à la fois terrifiante et intrigante, peuplée d’êtres fantasmagoriques. 

Apocalypse Now permet non seulement au domaine de la guerre et à celui du sublime de se rencontrer, mais aussi à deux époques du cinéma américain de se juxtaposer. Aussi épique que moderne, le film fait notamment écho aux super-productions hollywoodiennes classiques. Cette confrontation s’observe le mieux dans le face à face très attendu entre Willard et Kurtz. Brando, monstre sacré du cinéma classique, échange avec le jeune Martin Sheen dans une séquence d’anthologie alliant un certain expressionnisme daté au son rock de The Doors.

Le film devenu culte connaît désormais trois versions : celle de sa sortie originelle en 1979, une Redux datant de 2001 proposant 49 minutes supplémentaires et enfin le Final cut, sorti en 2019, qui correspond à la version favorite du réalisateur et certainement la meilleure. Mais même sous différentes formes, Apocalypse Now reste un monument singulier de cinéma. Une experience suspendue dans le temps et inoubliable. Un récit profondément humain couplé à une esthétique divine. 

Apocalypse Now / De Francis Ford Coppola / Avec Martin Sheen, Marlon Brando, Robert Duvall, Frederic Forrest, Sam Bottoms, Albert Hall, Laurence Fishburne / Etats-Unis / 2h33 / 1979.

Auteur : Chloé Caye

Rédactrice en chef : cayechlo@gmail.com ; 31 rue Claude Bernard, 75005 Paris ; 0630953176

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