
Peu nombreux sont les scénarios qui résistent à l’ambition esthétique de Denis Villeneuve. Dune promettait pourtant un savoureux mélange : le roman culte de Frank Herbert, adapté par l’un des réalisateurs contemporains les plus doués.
L’ampleur du projet nous est annoncée lorsque l’inscription « Part I » apparaît à l’écran au commencement du film. Dès ce moment, chaque plan semble avoir pour vocation de dépasser le précédent : plus grand, plus fort, plus lisse. L’ambiance sonore et visuelle du film lui confère une faculté d’immersion, impressionnante de prime abord, mais finalement momentanée. Les vaisseaux à la surface impeccable s’enlisent dans un désert trop terne. Ce duel permanent de teintes – sable versus métal – finit par lasser tout autant que le récit qu’il devrait encadrer. Car il devient clair au fur et à mesure que Dune progresse, que c’est bien le support narratif qui s’adapte à la mise en scène, et non l’inverse.
En ressortent des pertes de rythme monumentales et un propos globalement confus. Au sein du film, deux types de séquences se relayent : les premières d’une linéarité insipide, visant à nous expliquer que le héros du film est en fait bien le héros du film, et les secondes, flash-forwards ou rêves interchangeables, dans lesquelles Zendaya est filmée comme l’égérie d’une marque de parfum pour un spot publicitaire dans le désert.
Pendant 2h35, on attend donc l’élément déclencheur qui pourra faire démarrer l’intrigue, sans que celui-ci n’arrive jamais. Cette première partie de Dune est un prologue interminable constitué de multiples scènes d’exposition. Or, sans investissement émotionnel de la part du public dans l’histoire qui lui est contée, les images somptueuses finissent par blêmir à leur tour. Le réalisateur a pensé à tout, sauf au spectateur. Cette course stylistique parfois oppressante fait de Dune une intrigante carte postale. Une photo d’une imposante planète sur laquelle on ne pose jamais les pieds. Un objet filmique distant, intangible et abstrait.
Dune / De Denis Villeneuve / Avec Timothée Chalamet, Zendaya, Oscar Isaac, Rebecca Ferguson, Josh Brolin, Javier Bardem / États-Unis / 2h35 / Sortie le 15 septembre 2021.
« l’espérance ternit l’observation »
Dame Jessica dans « Dune » de Frank Herbert, page 12, édition Robert Laffont.
😉
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