Matrix : Resurrections

Au cinéma le 22 décembre 2021

© Warner Bros

Huit ans après la fin de la trilogie, Lana Wachowski est de retour avec Matrix : Resurrections. Keanu Reeves, Carrie-Ann Moss, quelques visages familiers et, surtout, des nouveaux venus à qui l’on doit beaucoup. 

Personne n’aime Matrix autant que Matrix. La franchise a toujours navigué entre une forme d’originalité et, sans doute à cause de cela, une prétention profondément marquée. Matrix pense Matrix et rien d’autre. Il est souvent question de choix, mais jamais de remise en question. Résultat, le quatrième volet possède de nouveau tous les défauts de ses prédécesseurs : bavardages et combats y sont tous deux interminables. L’un met fin à l’autre et la spirale se perpétue.

Pourtant il est indéniable que Matrix : Resurrections fait mieux que le précédent Matrix : Revolutions, qui avait laissé la franchise dans un piteux état. Ce dernier volet parvient à prendre une certaine distance – malheureusement pas critique – mais distance quoiqu’il en soit. Ainsi, une mise en abyme amusante lui permet de justifier son existence. Et puisque fiction et réalité sont intrinsèquement liés, il est intéressant de voir que le premier film que Lana Wachowski réalise sans sa sœur Lilly délaisse le concept d’unicité mis en place dans la trilogie. Contrairement à la réalisatrice, L’Élu n’est plus un mais deux. 

Neo et Trinity sont rejoints par de nouveaux méchants : l’Analyste – équivalent de l’Architecte – incarné par Neil Patrick Harris et l’Agent Smith qui, rebooté pour la énième fois, prend l’apparence de Jonathan Groff. Et il faut admettre que le trésor angélique de Broadway épate en vilain.

Outre un aspect humoristique plus marqué, un léger changement de « philosophie » et de nouveaux participants, ce dernier Matrix ressemble tristement à ceux d’avant. Il se heurte alors dans sa mise en scène à un paradoxe assez embêtant : il se voue corps et âme au fan-service, proposant régulièrement un montage alterné entre des scènes de la trilogie et du nouveau volet afin de souligner le parallèle, et faire naître la nostalgie chez les spectateurs. Pourtant, si Matrix : Resurrections avait réellement la vocation de s’adresser à des fans, pourquoi les sous-estimer ? Ce dernier volet qui veut parler autant aux fans qu’aux néophytes finit par ne plus savoir qui est son interlocuteur : s’en suivent lourdeur et nombrilisme agaçants.

Pourtant, lorsque Matrix utilise les citations à bon escient, l’effet est on ne peut plus réussi. Mais il semblerait que la franchise se prenne trop au sérieux pour risquer qu’une seule personne présente dans la salle passe à côté. C’est dommage, car malgré quelques bonnes idées, le spectateur n’appréciera sans doute pas qu’on le fasse plus bête qu’il ne l’est. 

Matrix : Resurrections / De Lana Wachowski / Avec Keanu Reeves, Carrie-Ann Moss, Jonathan Groff, Jessica Henwick, Neil Patrick-Harris, Yahya Abdul-Mateen / États-Unis / 2h28 / Sortie le 22 décembre 2021.

Auteur : Chloé Caye

Rédactrice en chef : cayechlo@gmail.com ; 31 rue Claude Bernard, 75005 Paris ; 0630953176

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