Un Varòn

Actuellement au cinéma

© Destiny Films

Tout commençait pourtant si bien. L’un après l’autre, des jeunes s’expriment le cœur ouvert, face à la caméra, dans un décor immaculé prouvant leur sincérité, avec des discours témoignant toute la difficulté ubuesque de toujours être un « vrai mec ». Ouvrant son œuvre comme un documentaire, le réalisateur Fabian Hernandèz choisit la simplicité pour aborder un sujet complexe : le sort de délinquants de Bogotá baignant dans la masculinité toxique, traitement placebo contre leur extrême pauvreté tant matérielle que psychologique. En quelques minutes, les fondations sont posées, remarquablement solides. 

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The Host

2006 / Ressortie le 8 mars 2023

© The Jokers

Alors que la prochaine œuvre de Bong Joon-ho se fait toujours désirer, les salles françaises s’offrent la ressortie de The Host, paru 17 ans plus tôt et bénéficiant d’une cure de jouvence 4K. Voilà l’occasion de redécouvrir le réalisateur sud-coréen en pleine jeunesse et aux rênes d’un blockbuster multi-face qui brisa tous les records d’audience en Corée mais demeura assez confidentiel chez nous. Plus d’une décennie avant le triomphe planétaire de Parasite, Bong Joon-ho prouvait-il déjà son génie ?

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Le Ciel rouge

Berlinale 2023 / Prochainement au cinéma

© Les Films du Losange

Léon et Félix se rendent en vacances dans une maison sur la côte. Du moins, c’est ce que tout le monde pense car Léon n’est pas en vacances, il doit terminer d’écrire le manuscrit de son livre et il a rendez-vous avec un éditeur dans quelques jours. Or ses studieuses ambitions vont se heurter non seulement à la présence d’une troisième invitée dans la maison mais aussi aux incendies qui sévissent dans les forêts alentours, se rapprochant dangereusement.

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Rencontre avec : Sam H. Freeman & Ng Choon Ping

Berlinale 2023

Sam H. Freeman et Ng Choon Ping lors de la conférence de presse à la Berlinale © Chloé Caye

Sam H. Freeman et Ng Choon Ping réalisent avec Femme un thriller électrisant. Ce premier film, sélectionné dans la catégorie Panorama à la Berlinale, traite de l’idée de travestissement quotidien et du danger d’être dévoilé pour ce qu’on est vraiment. Reprenant certains codes du film noir et dévoilant un génial sens du suspens, Femme est une virée nocturne torride et étouffante. À Berlin, nous avons rencontré les deux amis et cinéastes.

Sam vous avez surtout travaillé à la télévision et Ping plutôt au théâtre, qu’est-ce que vous vous êtes apportés mutuellement, en terme de compétences, dans la création de ce film ?

Sam H. Freeman : Effectivement, mon expérience en est une de scénariste à la télévision et Ping de metteur en scène au théâtre. Donc quand nous nous sommes retrouvés à vouloir faire un film ensemble, nous avons vraiment eu l’impression que nos capacités se complétaient. Aucun de nous n’a fait d’école de cinéma donc on a du faire appel à nos connaissances respectives quant à l’art de raconter des histoires. J’étais plus familier avec les façons d’écrire alors que l’approche de Ping est très visuelle. On a beaucoup appris l’un de l’autre et on a pu s’appuyer mutuellement sur les forces de l’autre. Au sein d’un duo, les deux peuvent essayer d’être identiques, ce dont je ne vois pas vraiment l’intérêt ou, au contraire, se dire qu’on est justement plus d’un parce qu’on a deux domaines de compétences complètement différents. 

Ng Choon Ping : En tant que scénariste, tu avais parfois du mal à trouver de quelle façon faire aboutir ta vision. À l’inverse, moi en tant que metteur en scène, je trouve difficile de construire en amont ce que j’avais envie de montrer à l’écran. Donc c’était une superbe opportunité pour nous de pouvoir contrôler tout du début à la fin : de la conception de l’histoire jusqu’à maintenant, être assis ici avec vous !

C’est un premier film très ambitieux, surtout sur l’aspect de la réalisation car quasiment tout le film se déroule de nuit. Pourquoi avez-vous tenu à raconter cette histoire de nuit et quelles étaient les difficultés principales liées à ce choix ?

N. C. P. : C’était très compliqué à tourner parce que ce sont surtout des extérieurs de nuit et nous avons tourné en juin. C’est l’été donc les nuits étaient courtes. Généralement on arrivait sur le plateau avant le coucher du soleil et il fallait attendre, puis, quand la nuit arrivait tourner très vite avant l’aube. Donc c’était un rythme assez difficile mais exaltant.

S. H. F. : C’était très important pour nous que ce soit un film de nuit, comme beaucoup d’œuvres qui nous ont inspiré : Good Times des frères Safdie ou les films de Nicolas Winding Refn. C’était un genre de référence et on a voulu s’y tenir. Ce que vous décrivez, l’ambiance secrète et dangereuse, éclairée au néon, c’est une immense part de ce qui constitue les thrillers. Et on était conscient qu’on voulait garder une scène de jour à un moment très spécifique. C’était efficace dans l’histoire seulement si les autres plans étaient de nuit, pour qu’on puisse avoir l’impression d’enfin reprendre notre souffle.

N. C. P. : La nuit, c’est le moment où tout peut arriver. Dans un bon thriller, la nuit c’est l’instant où tout tourne au chaos puis revient à l’ordre quand le jour se lève. Son esthétique nocturne, ses couleurs vibrantes c’était notre façon d’emmener Jules dans cet « autre monde » avant d’essayer de le ramener en sûreté. 

La nuit ne nous permet pas de reconnaitre les lieux filmés, et les gros plans font qu’il est également difficile de se repérer dans l’espace. Pourquoi avez-vous souhaité éviter toute forme de contextualisation spatiale ?

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Rencontre avec : Coline Albert

© Droits réservés

Last Dance, premier long métrage de Coline Albert, assiste avec douceur et intelligence la fin crépusculaire de Lady Vinsantos, drag queen célèbre dans le milieu underground de la Nouvelle-Orléans. La raison ? Son interprète, Vince DeFonte, ne supporte plus ce personnage qu’il incarne depuis des décennies et qui parasite sa vie. De la jeunesse à la cinquantaine, de l’Amérique à Paris, des rires aux cris, Coline Albert nous offre un documentaire saisissant, portrait d’un homme en crise et de son univers (trop ?) envoûtant.

Quelle a été la genèse de votre projet ?

J’ai rencontré Vince par hasard, aux champs de course, un espace très populaire à la Nouvelle-Orléans pour ses sorties et ses Bloody Mary. Il est arrivé après un spectacle, sans sourcil, avec quelques paillettes mais toujours son physique très masculin. Son aspect androgyne m’a tout de suite frappé. Il m’a raconté par la suite qu’il tenait une école de drag queen. Cela rejoignait mon projet de tourner un film sur la Nouvelle-Orléans et en particulier sur son énergie créatrice permanente.

Votre séquence d’introduction développe une atmosphère onirique, presque surréaliste, qui détonne un peu avec le reste du film, ancré dans le quotidien de Vince. Pourquoi ce choix de mise en scène pour ouvrir votre film ?

Le film découle d’un désir de faire un film sur la Nouvelle-Orléans, un endroit particulier où je devais tout de suite ancrer les personnages, leur univers. L’introduction présente une parade à Mardi Gras, une tradition locale, dont Lady Vinsantos était la Reine. Cette séquence souligne la présence de Vince dont le film épouse le caractère très sensible, sujet aux brusques changements d’humeur. C’est un homme très chaleureux, qui rigole beaucoup, et la minute suivante il montre un air plus sérieux, très grave, souvent triste.

Le microcosme autour de Vince est moins décrit comme une entreprise que comme une grande famille, alternative aux Drag Race notamment. Était-ce la raison principale derrière votre mise en scène très humaine, très proche des personnages ?

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Marlowe

Au cinéma le 15 février 2023

© Metropolitan Film Export

Après Humphrey Bogart et Robert Mitchum, c’est au tour de Liam Neeson de se mesurer au rôle de Philip Marlowe. Dix ans après sa dernière apparition sur le grand écran, le détective privé revient dans les rues nauséabondes de la Californie des années 30 où les cadavres jonchent les sols des bas-fonds sordides comme des clubs de luxe.

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Lucie perd son cheval

Au cinéma le 8 février 2023

© Shellac

Le nouveau film de Claude Schmitz, trois ans après Braquer Poitiers, s’annonce comme un projet hybride et ambitieux. Véritable gloubi-boulga entre portrait d’une amie, réflexion sur le métier d’actrice, déambulation contemplative et comédie théâtrale méta, Lucie perd son cheval ne ressemble à rien d’autre, et c’est là sa force.

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Matrix : Resurrections

Au cinéma le 22 décembre 2021

© Warner Bros

Huit ans après la fin de la trilogie, Lana Wachowski est de retour avec Matrix : Resurrections. Keanu Reeves, Carrie-Ann Moss, quelques visages familiers et, surtout, des nouveaux venus à qui l’on doit beaucoup. 

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