Spencer

Sur Amazon Prime le 17 janvier 2022

Kristen Stewart (Lady Di) © Amazon Prime

Avec Spencer, le réalisateur chilien Pablo Larraín poursuit son exploration du genre du biopic, qu’il avait entamée dans Neruda (2016) et Jackie (2016). En nous proposant une incursion dans la vie de l’icône Lady Diana, il réalise un nouveau portrait de femme.

Alors que l’échec de son mariage est devenu public, la princesse de Galles se rend malgré elle à Sandringham House, où se réunit chaque année la famille royale pour y fêter Noël. Autour d’elle, tout le monde agit comme si de rien n’était pour préserver les apparences. Seuls symptômes du séisme politique et médiatique : les dialogues chuchotés, les rideaux tirés et la haute surveillance du domaine par la police. Dans sa cage dorée, Diana souffre seule et en silence. Trouvant toutefois un semblant d’échappatoire dans ses souvenirs d’enfance, auprès de ses enfants et de sa femme de chambre. 

« A fable from a true tragedy ». Par ce carton qui ouvre le film, Pablo Larraín s’écarte sensiblement du traditionnel « inspiré de faits réels », et met en exergue la dimension fictionnelle de l’histoire qui va suivre. En plaçant son film sous le patronage de la fable, il s’autorise à mélanger les genres, adoptant tour à tour les codes du thriller psychologique et du film de fantôme. De la fable, on retrouve aussi la brièveté dans la temporalité du film. Pour Jackie, Pablo Larraín avait eu l’audace de se concentrer exclusivement sur un moment clé dans le devenir icône de la première dame. Dans Spencer, il choisit à nouveau de se focaliser sur une petite fenêtre temporelle pour embrasser, cette fois-ci, la vie de la – déjà iconique – Lady Di. 

C’est bien dans ce choix précis du pan de vie à représenter que réside la force des biopics de Pablo Larraín. Il s’approprie ici trois jours qui n’ont pas fait date pour raconter Diana comme mère et comme femme. Interrogeant finement l’écart entre officiel et officieux. Le titre du film reflète d’ailleurs cette ambition d’offrir aux spectateurs un portrait à la fois intimiste et émancipateur. Larraín se détourne du scandale publique en reléguant savamment au hors-champ le fiasco journalistique. Il filme la solitude de la jeune femme, son peu d’interactions avec la famille royale : ses véritables interlocuteurs, ce sont ses fils et les domestiques.

Pablo Larraín cherche moins à atteindre une vérité historique qu’une vérité émotionnelle. Même s’il se perd parfois en cherchant cette dernière… L’analogie avec Anne Boleyn (1501-1536), reine d’Angleterre décapitée après avoir été accusée d’adultère, se révèle finalement assez pesante. Tout comme la myriade de symboles destinés à préfigurer le destin tragique de la princesse. Le réalisateur ne parvient pas non plus à éviter une certaine forme de lyrisme simpliste qui, par le biais de plusieurs séquences redondantes,  vise à signifier l’émancipation d’une princesse opprimée.

Toutefois, et parce qu’il sait s’entourer des bonnes personnes, Pablo Larraín parvient à nous livrer un portrait, dans l’ensemble, assez touchant de Diana Spencer. La musique de Jonny Greenwood ainsi que les efforts de cadrage et d’éclairage de Claire Mathon traduisent avec subtilité les états intérieurs d’un personnage interprété avec justesse par Kristen Stewart. 

Spencer / De Pablo Larraín / Avec Kristen Stewart, Jack Farthing, Sally Hawkins, Timothy Spall / États-Unis – Chili / 1h57 / Sortie le 17 janvier 2022 sur Amazon Prime.

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