
La recette est simple : après avoir choisi une histoire de romance éculée, incorporez des thèmes universels qui, si formulés élégamment, donnent l’illusion de l’intime, incluez des marqueurs d’époque, opposez plans composés à caméra portée, diluez quelques questions de sociétés pour montrer votre éveil aux problématiques contemporaines, saupoudrez de quelques gros plans d’une jeune actrice inconnue et inexpressive. Voilà, votre film pseudo-générationnel est prêt !
Antoinette Boulat commet les erreurs classiques d’un premier film : un scénario plutôt vide; des dialogues sur-écrits et convenus; une mise en scène absente, fonctionnelle, voire illustrative. Malgré quelques jolis plans, comme si l’esthétique pouvait se suffire d’elle même, les intentions semblent maladroites, voire grossières.
À l’exception d’un casting original (Tom Mercier toujours aussi inquiétant), il ne reste pas grand chose de Ma nuit. Si ce n’est une sensation de malaise. Celle de se voir retomber dans les archétypes d’une jeunesse qui se prend en photo, tape du pied et fume des joints. Une jeunesse en proie à des questions existentielles mais qui, puisqu’elle ne lit plus, se dépense en citations vaines. Une jeunesse qu’on voudrait saisir dans ses remises en questions, dans sa mouvance perpétuelle mais que l’on fige au contraire dans une histoire de drague de rue.
Ma nuit se résume à son premier plan, un portrait flou sur lequel on plaque une citation : une description figée sans la moindre sensibilité.
Ma nuit / D’Antoinette Boulat / Avec Lou Lampros et Tom Mercier / France / 1h27 / Sortie le 10 mars 2022.