
Simon et Charlotte sont d’accords : leur relation en est une purement sexuelle. Sans attache, ni engagement. Après Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, Emmanuel Mouret prouve de nouveau qu’il maîtrise les rouages de la comédie romantique à la perfection.
Le cinéaste ne s’intéresse pas aux conséquences d’une liaison mais à sa construction, à ses contradictions. Le postulat est le suivant : à l’heure où l’engagement paraît enfermement, redonnons toute la liberté qui leur incombe à nos sentiments. Mais très vite, la frivolité devient contraignante et l’injonction à être léger s’avère pesante. Car sous couvert d’affranchissement total de – ce que l’on perçoit – comme des contraintes, on en crée inévitablement de nouvelles. Et c’est en s’efforçant de conserver une relation libérée que les deux personnages finissent par complètement se brimer. Emmanuel Mouret propose une variation minutieuse et habile sur le concept de liaison et sur la perception contemporaines des relations : ce qui s’affirme comme une revendication, s’affiche finalement comme un abandon.
Dans ce jeu de dissimulation, Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne forment un couple attendrissant, troublant. Elle, radieuse, le bouscule ; lui, fragile, l’apaise. Emmanuel Mouret promène sa caméra autour de ses acteurs, sans jamais être envahissant. Il décortique patiemment le cycle de vie des sentiments : de leur naissance, en passant par leur contestation, pour finalement parvenir à leur accomplissement. Une fin des plus bouleversantes.
Chronique d’une liaison passagère / De Emmanuel Mouret / Avec Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne / 1h40 / France / Sortie le 14 septembre 2022.