
Sur son lit de mort, Alfredo, roi sans couronne, est ramené à de lointains souvenirs de jeunesse et à l’époque où il rêvait de devenir pompier. La rencontre avec l’instructeur Afonso, du corps des pompiers, ouvre un nouveau chapitre dans la vie des deux jeunes hommes plongés dans l’amour et le désir, et à la volonté de changer le statu quo.
Le nouveau film de João Pedro Rodrigues échappe à toute étiquette. À la fois discrète uchronie, romance vaguement érotique, comédie légère, « fantaisie musicale » et conte social, cet étrange mélange a de quoi étonner. Derrière ce pari ambitieux se cache pourtant un petit bijou de modestie.
Feu Follet est une rêverie, un assemblage d’idées foutraques et artificielles sans prétention didactique. Ce n’est pas une démonstration virtuose à la Holy Motors, mais au contraire un geste délicat et sobre, avare en effets et en longueurs. Si de telles caractéristiques pourraient confiner le film à l’anecdotique, il n’en est rien : une profonde sensualité émerge de ce milieu viril mais étonnamment tendre au sein duquel cette romance pudique prend le temps d’éclore. L’introduction et la conclusion, sous forme de memento mori, offrent un regard nostalgique mais amer sur ce petit moment de paradis.
Le charme du film réside dans son inaccessible légèreté : João Pedro Rodrigues s’amuse du spectateur sans le prendre de haut, le séduit avec ce monde bizarre mais attachant. Feu Follet est une féerie qui marque par sa douceur, son intériorité et sa poésie.
Feu Follet / De João Pedro Rodrigues / Avec Mauro Costa, André Cabral, Joel Branco / Portugal, France / 1h07 / Sortie le 14 septembre 2022.