Last Dance

Actuellement au cinéma

© Condor Distribution

Bienvenu dans l’Atelier de Vince, où les robes défilent, les perruques s’élèvent et les paillettes brillent. À l’entrée, des personnes de tous âges et tous milieux, désireux d’accomplir leurs rêves ; à la sortie, la scène et le public, avec leurs promesses et leurs fardeaux. En son centre trône Vince, roi malgré lui, ayant atteint la célébrité avec son personnage de Lady Vinsantos. Las de ce personnage qu’il incarne depuis des décennies, il prévoit alors un dernier spectacle, à Paris. 

Ce « dragumentaire », selon les mots de la réalisatrice Coline Albert, s’ouvre sur un défilé au cœur de la ville, la nuit, lorsque les chariots semblent sortir d’un rêve fiévreux que guide Lady Vinsantos, une reine iconisée mais que la caméra, très proche, flottante, semble déjà chercher à disséquer. La relation conflictuelle entre Lady Vinsantos et Vince sera la colonne émotionnelle du récit, un affrontement mélancolique entre un homme de plus en plus érodé et sa persona trop flamboyante. Des feux de projecteurs criards à la lumière naturelle caressante du foyer, la mise en scène dresse un tableau foisonnant, en particulier à travers des cassettes de la jeunesse de Vince, cruels rappels d’une passion disparue.

Si Vince montre ainsi une personnalité fascinante, parfois si dramatique qu’elle en paraît fictive, Last Dance a l’intelligence d’aussi offrir une exploration du monde des drag show de la Nouvelle-Orléans marqué par la précarité, les boîtes confidentielles et les applaudissements sincères. Coline Albert s’intéresse moins aux spectacles en soi qu’à toute la préparation colossale en amont et les particularités truculentes de chaque drag queen. Le film dévoile les vies, les motivations et les styles de chaque membre de l’Atelier de Vince pour mieux faire apparaître la richesse de ce milieu où les décisions du Congrès transmises à la radio sont aussi anxiogènes que la perte d’une poitrine en silicone juste avant un spectacle.

Paradoxe : c’est lorsque que l’équipe se déplace à Paris et que la dernière danse tant attendue approche que le film perd en intérêt. Sous les regards de Vince et sa troupe, la capitale n’est qu’une carte postale touristique bien fade, surtout comparée au charme si spécial de la Nouvelle-Orléans ; les nombreuses crises de panique de Vince avant la représentation échouent à construire un suspens et n’entretiennent qu’une répétitivité lassante ; le dernier spectacle, s’il démontre bien les talents de chaque drag queen, traîne en longueur et perd cette relation intime des boîtes underground. Bien heureusement, Last Dance revient en Amérique et offre un adieu touchant à Vince et sa famille qui est devenue, le temps d’une parenthèse enchantée, un peu la nôtre.

Last Dance / de Coline Albert / avec Vinsantos DeFonte / France, USA / 1 h 41 / sortie le 22 février 2023

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :