En 1978 paraissait L’Établi, témoignage d’un militant marxiste infiltrant une usine Citroën à Choisy. Son auteur, Robert Linhart, relatait l’horreur d’un taylorisme acharné pour préparer la déconstruction de tout un système économique oppressif. Quarante-cinq ans plus tard, le réalisateur Mathias Gokalp adapte ce récit d’une actualité toujours aussi glaçante, triste constat d’une révolution avortée.
Placé sous l’égide des discours de paix et de fraternité de Mohamed Ali et de Martin Luther King, le nouveau film de Spike Lee tombe tristement à pic en ce moment. Les violences policières contre lesquelles le monde s’insurge suite à la mort de George Floyd à Minneapolis le 25 mai dernier résonnent avec les images d’archives présentées au début du film. Elles sont ici mises en avant pour pointer l’injustice dont font preuve les Etats-Unis à l’égard de leurs soldats Afro-Américains au moment de la guerre du Viêt Nam : ils étaient les premiers au front, et les derniers considérés comme des citoyens. Si leur rôle dans le conflit a été aussi peu traité par le cinéma que par les livres d’histoire, le film s’embourbe dans une narration indigeste qui dessert la force du propos.