
Pour éviter d’être licenciés, des ouvriers décident d’occuper leur usine qui se démantèle sous leurs yeux. Mais la direction disparaît soudainement, les laissant sans directive. Dans un espace qui perd tout son sens lorsque le travail humain disparaît mais où il est possible de le réinventer, s’entrevoit alors une ample et convaincante réflexion sur la place de l’individu dans le monde du travail.
Le film porte un discours clairvoyant sur le capitalisme, alors qu’il aurait pu être affaibli par sa durée (presque trois heures). C’est parce que le réalisateur Pedro Pinho et ses acteurs, dont certains jouent leur propre rôle, utilisent un cocasse mélange des genres pour pointer les dérives d’une société déconstruite par la crise économique. Drame social, interviews façon documentaire et même comédie musicale, L’Usine de rien à l’ambition d’être l’entreprise de tout. C’est la singularité et la pertinence de ce film déconcertant qui lui a valu, au même titre que 120 battements par minute, le prix de la critique internationale au dernier festival de Cannes.
L’Usine de rien / De Pedro Pinho / Avec José Smith Vargas, Carla Galvao / Portugal / 2h57 / Sortie le 13 décembre 2017.