Sans un bruit c’est l’histoire d’un monde post-apocalyptique dans lequel les survivants doivent rester silencieux afin de ne pas être repérés par les différents monstres qui rôdent. On suit alors la vie de parents qui tentent de protéger leur enfants, que l’arrivée d’un nouveau né met en danger. Le film de John Krasinski, qui a fait l’objet de critiques très positives depuis sa sortie à l’international, est très attendu en France.
John Krasinski et Emily Blunt, le couple d’acteurs, mariés depuis maintenant huit ans, sont aussi fait l’un pour l’autre sur l’écran. L’alchimie est parfaite et une vraie complicité existe entre les deux parents, qui nous offrent tous deux des performances marquantes. Les jeunes acteurs Noah Jupe et Millicent Simmonds, jouants les enfants, sont tout aussi remarquables. John Krasinski affirmait qu’il considérait le film comme une histoire de famille plus qu’un film d’horreur. Le contexte familial est intéressant et renforce le scénario déjà bien fondé. L’idée de base est en effet assez originale et fonctionne surprenamment bien. La tension est palpable dans la salle, où même les spectateurs semblent se prendre au jeu et n’émettent plus un son. Cette idée est servie par une réalisation maitrisée. Les monstres sont de belles créations, même s’il faut avouer qu’ils ressemblent dangereusement au Demogorgon de la série Stranger Things. Outre ce détail, Sans un bruit est bien tourné, le rythme est soutenu et l’action est bien repartie le long du film.
Si l’acteur, connu pour ses performances humoristiques, surprend en réalisant un film de ce genre, la réalisation en elle même ne surprend pas. Le scénario possède assez de rebondissements pour tenir le spectateur en haleine mais la réalisation reste entièrement classique et ne prend aucun risque. C’est peut-être ce qu’on peut reprocher au film, son coté « américanisé » : des personnages trop lisses et tous filmés aussi héroïques que possible. Une idée aussi intrigante que celle du travail sur le son dans le film d’horreur aurait pu être plus exploitée. Sans jamais aller trop loin dans l’épouvante, l’oeuvre reste prenante et astucieuse.
Sans un bruit / De John Krasinski / Avec John Krasinski, Emily Blunt, Noah Jupe, Millicent Simmonds / Etats-Unis / 1h30 / Sortie le 20 juin 2018.
CULTURE AUX TROUSSES 
Pour ma part, je l’ai trouvé décevant. Le reste du film se noie dans beaucoup de facilités, de flous et de raccourcis sur lesquels il vaut mieux ne pas s’attarder. Je suis d’accord qu’on ne va pas voir un film de ce genre pour avoir une dose de vraisemblance mais… Quand même, que l’ensemble reste au moins cohérent, ça me semble être le minimum. La gestion aléatoire des aliens concernant leur perception du son (un coup ils entendent un froissement de feuilles à l’autre bout du jardin, un autre ils ratent des couinements de bébé sous un jet d’eau… Faudrait savoir) m’a gênée, par exemple.
Concernant John Krasinski… Je l’ai trouvé médiocre. Emily Blunt était légèrement au dessus, mais j’me suis pas sentie transcendée par leur relation et leur mission de « protection », protection quasi divine parce que la subtilité américaine vient, comme d’habitude, avec ses gros sabots (je n’ai toujours pas compris cette scène de sacrifice sortie de nul part, et encore moins cet accouchement surprise).
Mais bon.
Je mets un bémol pour l’introduction du film qui reste assez intéressante (jusqu’à la disparition du troisième, en fait). Je la vois presque comme un court métrage qui parvient à condenser efficacement tous les éléments essentiels de l’histoire, là où ils se retrouvent dilués et étirés sans raison durant l’heure et demie restante… Dommage.
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