Thunder Road

Au cinéma le 12 septembre 2018

4393.1440x900.jpg
Jim Cummings (Jim Arnaud) © 2017 – ACID

Thunder Road, c’est d’abord un court-métrage réalisé, produit, monté, écrit, composé et joué par Jim Cummings. Sorti en 2016 il remporte le Grand Prix du festival Sundance. C’est seulement deux ans après que le réalisateur américain a l’idée d’en faire un long métrage. Le film du même titre est alors non seulement sélectionné à L’Acid de Cannes mais il remporte également le Grand Prix du festival South by Southwest et le Grand Prix du Jury au festival de Deauville. C’est une véritable surprise pour Jim Cummings, qui a tourné le film en seulement 14 jours, sans budget conséquent et encore une fois présent à tous les postes. Le film est quant à lui sorti en France cette semaine et a reçu un accueil triomphal de la part du public et de la presse. 

Jim Arnaud vit au Texas, il est policier, divorcé, père d’une petite fille et souvent au bord de la crise de nerfs. C’est dans la période de deuil qui suit la mort de sa mère qu’il commence à avoir de plus en plus de mal à gérer tous les problèmes auquel il doit faire face. On peut le qualifier de anti-héros pathétique mais auquel on s’attache malgré tout des les premières minutes du film. Ce personnage, très ancré dans la culture américaine, est la parfaite représentation du « pauvre type » : il cherche à bien faire en tant que policier et à élever sa fille correctement mais accumule les échecs. C’est avec une virtuosité remarquable que Jim Cummings passe du tragique au comique et laisse le spectateur libre d’interpréter les scènes qui s’offrent à lui. L’humour poignant et burlesque présent tout au long du film rend les passages dramatiques encore plus touchants. Par le biais de ce personnage, il s’amuse avec le mythe du cow-boy américain intouchable en détruisant petit à petit cette facade de masculinité que le personnage essaye de conserver afin de cacher sa fragilité. Il le fait à travers une interprétation subtile du personnage mais aussi différents thèmes comme celui de la danse qui est, selon lui, à l’opposé des idéaux masculins des hommes dont il se moque.

Le fil conducteur c’est aussi, comme l’indique le titre, Thunder Road, la chanson de Bruce Springsteen. Elle raconte le départ du chanteur, une fille à ses cotés, pour laisser sa vie misérable derrière et en commencer une nouvelle autre part. Les paroles de la chanson sont toujours présentes dans l’esprit du personnage, comme une prophétie qui ne saurait tarder à se réaliser. Le film s’ouvre donc avec un enfant qui perd sa mère, traverse une période difficile et il s’achève quand le personnage quitte la ville avec sa fille et réalise qu’il est enfin devenu un véritable père.

Cette structuration en boucle du récit est le parfait exemple du côté perfectionniste de Jim Cummings, que l’on retrouve aussi dans son besoin d’endosser tous les rôles dans le processus de création du film. Son court métrage avait déjà connu un succès notable mais il voulait que le film est lieu d’être et ne soit pas simplement tissé autour de cette séquence. Si elle reste tout de même une des meilleurs scènes, le reste du film est largement à la hauteur. Quelques passages sont parfois un peu longs mais c’est globalement une très belle réussite. Il faut aussi remarquer que le réalisateur possède déjà un style qui lui est propre et auquel il tient beaucoup. On retrouve en effet cette dévotion à la perfection et cette minutie dans les plans séquences qu’il exécute. S’ils sont plus durs à mettre en place ils sont aussi, pour lui, absolument indispensables. Non seulement il se démarque un peu de ses confrères réalisateurs mais il s’avère également  être un acteur aussi théâtral que marquant. Sans jamais avoir suivi de formation de jeu, il livre une performance à couper le souffle. Son implication, sa determination et son enthousiasme se ressentent véritablement dans chaque scène.

Thunder Road est donc le fruit d’un heureux hasard mais aussi d’un travail acharné. Son registre original et son personnage principal singulier apportent un vent de fraîcheur au cinéma Américain. Il est finalement assez difficile de ne pas être touché par ce film impeccable et la fierté de son créateur.

Thunder Road / De Jim Cummings / Avec Jim Cummings, Kendal Farr, Nican Robinson / Etats-Unis / 1h29 / Sortie le 12 septembre 2018.

Retrouvez notre entretien avec Jim Cummings.

Auteur : Chloé Caye

Rédactrice en chef : cayechlo@gmail.com ; 31 rue Claude Bernard, 75005 Paris ; 0630953176

3 réflexions sur « Thunder Road »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :