
La nouvelle série Netflix du moment met en scène Otis, un jeune adolescent en conflit avec sa sexualité naissante et sa mère Jean, une sexologue pour le moins extravertie. Alors que tous les jeunes de son collège ont également du mal à gérer cette période des premières fois, Otis décide de marcher dans les pas de sa mère et d’ouvrir une clinique pour tenter de trouver des solutions à leurs problèmes.
La série créée par Laurie Nunn met un point d’honneur à représenter toutes les minorités et s’éloigne radicalement des types de personnages classiques. En donnant une visibilité à différents groupes, elle évoque ainsi un nombre important de sujets souvent laissés à l’écart par les séries populaires contemporaines. Ce faisant, elle livre une vision plus réaliste de la sexualité chez les jeunes, sans romantiser la puberté et ses effets; La série affiche fièrement les revers de cette période charnière.
Cependant, si elle constitue une base de données intéressante pour les jeunes adolescents, la série tombe parfois dans une démagogie assez étouffante. Certains passages moralisateurs, qui s’inscrivent dans des mouvements, certes justifiés, d’actualité, transforment la série plus en un outil de prévention qu’en une véritable oeuvre audiovisuelle. En voulant s’affranchir de tout cliché, Sex Education a tendance à s’enfermer elle-même dans ces cases qu’elle a créée, devenant quelque peu fastidieuse. La réalisation possède très peu d’intérêt et son scénario devient quant à lui rapidement prévisible. La série semble donc réellement poursuivre un but éducatif aux dépens de la création artistique. Ce qui explique d’ailleurs que le public visé corresponde à une catégorie très spécifique et exclusivement jeune. Cela dit, il est nécéssaire de mentionner que la série ne déroge pas à la règle des personnages de 16 ans interprétés par des jeunes adultes de 21 à 26 ans. Si certains paraissent certes plus jeunes, dans le contexte de la série ce décalage se fait sentir à plusieurs reprises aussi bien de par le physique des acteurs que la personnalité attribuée aux personnages. C’est ici le seul aspect plutôt invraisemblable de la série car le casting reste, en dépit de cette rupture, tout à fait impeccable. Asa Butterfield, Ncuti Gatwa et Emma Mackey forment le trio central de jeunes aux côtés du proviseur interprété par Alistair Petrie et la mère sexologue, jouée par la superbe Gillian Anderson. On ne peut oublier de mentionner la musique de Ezra Furman qui vient, de manière récurrente, souligner l’intrigue et apporter une légèreté nécéssaire.
Le concept de la série est donc tout à fait louable et permet indéniablement aux jeunes une approche plus diversifiée et authentique de la sexualité, tout en rappelant des règles fondamentales (ne pas céder à la pression du groupe, « non c’est non » etc…). Si, à part pour cette communauté de spectateurs, la série ne propose rien de fondamentalement marquant elle possède, malgré tout, une honnêteté et excentricité qui la rendent relativement attachante. C’est pourquoi il faut espérer que Sex Education saura véritablement se renouveler, car si Netflix n’a pas encore officiellement annoncé une deuxième saison, au vu du succès qu’a connu la première, il n’est pas difficile d’imaginer qu’une suite devrait très bientôt voir le jour.
Sex Education – Saison 1 / Créée par Laurie Dunn / Avec Asa Butterfield, Ncuti Gatwa, Emma Mackey, Alistair Petri, Gillian Anderson / Grande-Bretagne / 8 x 50mn / 2019.
Une réflexion sur « Sex Education »