
À la fin des années 1960, l’île de Wight avait abrité un grand festival de rock, qui allait être supplanté par celui de Woodstock à la même période. C’est peut-être le souvenir de cet événement qui a incité Max Minghella (fils d’Anthony Minghella, réalisateur du Patient Anglais) à situer l’action de son Teen Spirit sur cette île du sud de l’Angleterre. Ici vit Violet (Elle Fanning), une adolescente ambitieuse et discrète passionnée par le chant. La jeune fille entraîne sa voix en se produisant à l’insu de sa famille dans un bistrot quasiment désert, et rêve de partir de son village pour faire carrière dans l’industrie musicale. L’occasion se présente lorsqu’elle est retenue pour participer à une émission télévisée, sorte de The Voice mêlée à La Nouvelle Star.
De ce postulat maintes fois rabâché, le film ne fait que suivre les grandes étapes attendues du parcours ascendant de son personnage, passant en revue les moments typiques d’une compétition. Les embûches ne sont pas moins les concurrents de Violet que l’obstacle de sa propre inexpérience, contre laquelle se heurte également son impresario, figure paternelle, un ancien chanteur d’opéra devenu alcoolique. Heureusement, c’est Elle Fanning qui interprète le rôle principal. Son aptitude naturelle à donner de l’éclat à ses scènes – on la retrouvera avec joie à la rentrée dans le nouveau film de Woody Allen – apporte un peu de cet esprit que le titre promettait. Son charisme ressort de tout l’enrobage pop qui fait l’esthétique du film (la directrice de la photographie a notamment éclairé des clips). Quant aux chansons, elles sont réussies, que ce soit les reprises comme les compositions originales… mais elles nous rendent nostalgiques de l’énergie punk qui se dégageait des titres qu’Elle Fanning, décidément douée pour le chant, entonnait dans How to talk to girls at parties (John Cameron Mitchell, 2018).
Teen Spirit / De Max Minghella / Avec Elle Fanning, Zlatko Buric, Rebecca Hall / Etats-Unis / 1h32 / Sortie le 26 juin 2019.