
Si les films se déroulant dans un taxi sont devenus un genre à part entière, ceux prenant place dans des véhicules sanitaires pourraient l’être tout autant… Vic, américain d’origine russe, conduit un minibus pour handicapés à Milwaukee, dans l’état du Wisconsin. Comment chaque matin, il doit passer prendre un à un ses passagers. Seulement, ce serait trop simple : à cause de manifestations dans la ville, de demandes particulières auxquelles il peut difficilement dire non – son grand-père et ses amis doivent se rendre à un enterrement -, les retards s’accumulent et le jeune homme est rapidement dépassé par la situation. Le temps ne les attend pas, comme le lui rappellent régulièrement les passagers et son supérieur, par téléphone. Chaque moment presse le suivant et retient le précédent, formant un enchaînement de situations qui entrent joyeusement en collision. L’itinéraire banal du petit convoi devient une véritable équipée.
Après une première partie très énergique, les humeurs s’assagissent lorsque l’on descend du minibus, le réjouissant chaos se désamorce un peu. Le réalisateur surprend moins en choisissant de mêler à son récit, qui virait au road trip, une romance qui réserve quelques moments de pause. Il convainc mieux par la vue d’ensemble transmise sur ce petit monde cosmopolite qui façonne l’identité de la ville de Milwaukee. Composé d’acteurs professionnels et d’amateurs, le casting est une vraie réussite, et les passagers du bus ne sont jamais ramenés à leur handicap, ce qui est suffisamment rare pour être noté. Tous ont quelque chose à raconter, et Vic, le chauffeur, devient la surface sur laquelle s’écrivent les histoires – les personnages secondaires en viennent presque à prendre sa place. Le cinéaste, qui s’inspire de sa propre expérience, compose finalement son protagoniste à l’image du film : il se laisse envahir par l’humanisme que la galerie de personnages, gauches, pressés et attachants, dispense dans la tourmente.
Give me liberty / De Kirill Mikhanovsky / Avec Chris Galust, Lauren Spencer, Maxim Stoyanov / Etats-Unis / 1h51 / Sortie le 24 juillet 2019.