The Old Guard

Sur Netflix le 10 juillet 2020

© Aimee Spinks – Netflix, 2020

Sans être fondamentalement honteux, The Old Guard n’est rien de plus qu’un film d’action terriblement anecdotique, consensuel et aseptisé, pensé avant tout comme le point de départ d’une hypothétique franchise que comme un film à part entière.

Adapté du roman graphique de Greg Rucka et Leandro Fernández, The Old Guard raconte l’histoire d’un groupe de guerriers immortels, parcourant la Terre depuis l’Antiquité pour combattre les injustices et protéger les gens du peuple. Ils ont connu les plus grands conflits armés de l’Histoire et vivent leur éternité comme une malédiction qui les coupe des autres mortels en les condamnant à une vie de souffrance. L’arrivée d’une nouvelle recrue et les manigances d’un golden boy soucieux d’acquérir leur pouvoir va les plonger dans la tourmente.

Hélas pour la réalisatrice Gina Prince-Bythewood, dont c’est le premier long-métrage, il paraît très vite évident que le film passe complètement à côté de son sujet. Là où la bande-dessinée avait marqué par son dynamisme, son inventivité esthétique, sa violence brute et son idéologie féministe revendiquée, le film s’écroule dès ses premières minutes sous le poids d’une montagne de clichés. Incapable de prendre le moindre recul sur sa mythologie fantasque, The Old Guard s’embourbe dans un premier degré constant, espérant faire avaler au spectateur le supposé réalisme de son intrigue et lui faire oublier à grands coups d’exposition et de répliques faussement tragiques sa direction artistique bâclée et la simplicité de ses enjeux.

Si une franchise comme celle des John Wick a su faire preuve, dans un genre différent, d’un second degré subtil autant que d’un savoir-faire détonnant dans la captation de ses séquences d’action pure, The Old Guard peine à retrouver pareille alchimie. A force de s’attarder sur un imaginaire qui ne prend jamais vraiment corps à l’écran, le film en oublie l’essentiel, distillant quelques minces scènes de combat dans une histoire inutilement étirée (le film dure, au bas mot, une bonne demi-heure de trop). C’est d’autant plus surprenant que le scénario est signé par le créateur de la BD d’origine.

Il faut cependant noter que lorsque le film daigne enfin s’emballer, il sait se montrer plutôt satisfaisant. La chorégraphie aérienne et stylisée des combats et la clarté du découpage confèrent aux affrontements une nervosité bienvenue. Ce n’est malheureusement pas suffisant pour faire oublier le simplisme global du projet et sa pauvreté thématique. Le féminisme, pourtant sujet central de l’œuvre, se voit ainsi réduit, comme trop souvent à Hollywood, à une simple caution morale que le film n’approfondira jamais. En somme, The Old Guard est un pur produit de consommation cinématographique, aussitôt vu, aussitôt oublié. Et comme on pouvait s’y attendre, la fin ouverte prépare une suite. On espère vivement que cela n’arrive jamais.

The Old Guard / De Gina Prince-Bythewood / Avec Charlize Theron, Kiki Layne, Matthias Schoenaerts, Chiwetel Ejiofor, Harry Melling / Etats-Unis / 1h58 / Sortie le 10 juillet 2020.

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