
Djé (Pierre Deladonchamps) est un voyou. Sa gueule d’ange ne laisse nullement deviner les crimes atroces dont il est l’auteur. Son parcours au sortir de prison est loin d’un récit d’apprentissage. L’homme agresse, viole, vol. Pour le plaisir.
Ancien travailleur au SAMU Social, Peter Dourountzis réalise son premier film. Et son sujet n’est pas des plus simples. Son protagoniste est profondément détestable mais assez peu détesté. S’en dégage chez le spectateur une sensation assez désagréable d’être complice malgré lui. Si le personnage est méchant, le film ne l’est pas. Ses actes sordides sont réservés au hors-champ, évitant à juste titre une forme de voyeurisme gratuit.
Vaurien ne semble pas s’intéresser aux crimes mais à celui qui les commet. Peter Dourountzis dresse le portrait d’un prédateur sociopathe et glaçant. Djé aime sentir la panique qui anime une femme lorsqu’il marche derrière elle dans la rue, tard la nuit. Le personnage joue sans cesse un rôle : il est charmant jusqu’à ce qu’il devienne violent. Le spectateur n’est pas mieux informé que les autres personnages. Il se doit de reconnaître le tueur derrière cet étrange masque fascinant.
Djé est un protagoniste qu’il faut donc faire évoluer avec une grande prudence. Ce que Dourountzis réussit aisément. Mais c’est surtout un certain sens du rythme que l’on doit reconnaître au cinéaste. Ses personnages, autant que son film, sont réellement imprévisibles, animés par des besoins viscéraux. Les chances de rédemption qui s’offrent à Djé sont multiples mais il n’en saisit aucune. Égoïste et dangereux, il rôde. Dourountzis filme avec justesse l’errance malsaine d’un vrai sale type et son appétit pour la peur d’autrui.
Vaurien / De Peter Dourountzis / Avec Pierre Deladonchamps, Ophélie Bau / France / 1h36 / Sortie le 9 juin 2021.
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