
Summer White raconte le bouleversement que vit un adolescent lorsque sa mère, qui l’élève seule la plupart du temps, lui présente son nouvel amant. Si le premier film du cinéaste mexicain Rodrigo Ruiz Patterson emprunte un chemin connu, il le fait avec maîtrise.
La relation qui unit Rodrigo à sa mère est fusionnelle, c’est le moins que l’on puisse dire. Rien d’extérieur ne peut troubler cet amour fort, tout se joue entre eux sans laisser de place à l’altérité. C’est cette complicité, et cet étouffement réciproque aussi que vient renverser la présence du beau-père indésirable, laissant Rodrigo démuni face à celui qui prend sa place. Ses ressources seront la mesquinerie et la violence, son attitude celle du sabotage.
À partir de cette situation assez convenue, le cinéaste parvient à faire passer son récit d’apprentissage à travers des idées de mise en scène jamais répétitives, et une photographie inspirée par l’image omniprésente du feu. À ce terrain vague où Rodrigo (à qui le réalisateur, freudien cohérent, a offert son prénom) s’invente un univers dans un camping-car abandonné, lieu refuge statique, s’opposeront les cours de conduite que tente de lui transmettre son nouveau modèle masculin. Le beau-père sent qu’il est moins légitime que l’enfant à faire partie du foyer, tout en devant assumer son rôle de père de substitution. Rodrigo est presque le moins attachant des personnages tant son mal-être est constant et ne le regarde que lui-même, l’enfermant dans sa peau de pré-adolescent en mal de repères. Il rejoint le garçon mis en scène par Woody Allen dans Wonder Wheel (2018) et le protagoniste du film norvégien Pyromaniac (2016) à l’intérieur de la communauté des jeunes incendiaires du cinéma, qui ont le goût de la destruction parce qu’ils sont en construction.
Summer White / De Rodrigo Ruiz Patterson / Avec Adrián Rossi, Sophie Alexander-Katz / Mexique / 1h25 / Sortie le 18 août 2021.