
Ancien champion de rodéo, Mike Milo (Clint Eastwood) accepte une mission : retrouver le fils de son employeur au Mexique pour le ramener au Texas. Le scénario de Cry Macho prenait la poussière depuis la fin des années 1970 ; en le portant à l’écran si tard, Clint Eastwood transforme ce road trip plein de péripéties en un long-métrage atone et mal dirigé.
La filmographie tardive de Clint Eastwood est passionnante, hormis Le 15h17 pour Paris duquel Cry Macho se rapproche hélas à cause de sa facture bâclée : le cinéaste y tient deux directions principales, en nourrissant une fascination pour les héros de l’histoire américaine récente et en prenant du recul sur la figure qu’il est devenu. En s’offrant le premier rôle de ce film d’aventure à caractère rédempteur, Clint Eastwood donne moins l’impression d’approfondir son œuvre que d’en survoler la surface, cochant des cases avec un désintéressement communicatif : du cliché de la mafia mexicaine à l’amour trouvé au bord du chemin en passant par la relation entre le vieil homme et l’enfant (enfant incarné par un amateur qu’on croirait sorti d’un mauvais western de série B), le chemin emprunté par Cry Macho est balisé de bout en bout, même lorsque le film pourrait bifurquer au moment où la voiture du héros, prise en chasse, change de route…
Il y a pourtant Clint Eastwood, 91 ans, derrière et devant le caméra, celui dont les rides racontent une histoire du cinéma et de l’Amérique, et de l’Amérique au cinéma. Il sait encore donner des coups de poing, séduire une femme, monter à cheval – du moins tente-t-il de nous le faire croire. Cela ressemble à un dernier tour de piste extrêmement poussif, aucune de ces trois actions n’étant mise en scène avec croyance. Le comédien est nettement plus convaincant lorsqu’il fait la sieste, tandis qu’un seul enchaînement de plan pourra rester en mémoire : une main tendue et son visage qui semble rajeunir. Mais on ne cédera pas à la tentation de justifier tous les mauvais choix artistiques par la mythologie convoquée par la seule silhouette de Clint Eastwood, de plus en plus évaporante.
Cry Macho / De Clint Eastwood / Avec Clint Eastwood, Eduardo Minett, Natalia Traven / Etats-Unis / 1h44 / Sortie le 10 novembre 2021.
Film boiteux, mal écrit, invraisemblable et souvent mal joué. Quelques parenthèses, des pauses romantqies ou nostalgiques, en effet viennent mettre un peu de charme dans ce road trip souvent balourd. Et pourtant, il reste en tête.
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