L’Enfant

Au cinéma le 20 avril 2022

© Carolina Ribeiro

Pour son premier long-métrage, le duo De Hillerin/Dutilloy-Liégeois revisite la nouvelle de l’auteur allemand Heinrich Von Kleist, l’Enfant trouvé. Dans cette libre adaptation, l’Italie cède la place à l’Empire portugais du XVIème siècle en quête de la Terre Nouvelle. Pierre (Grégory Gadebois), un riche marchand reconverti dans le commerce de bois africains et de crucifix a recueilli Bela (João Luís Arrais), son enfant de substitution alors que son propre fils, Jérôme, est décédé lors de l’un de leurs voyages.

Si l’influence italienne avait été écartée du récit par les deux jeunes réalisateurs, elle refait surface grâce au clair-obscur de la photographie, d’un motif pictural proche de Caravage. L’Enfant dépeint sur fonds sombres l’histoire d’un jeune homme en quête de liberté quand les environnements où il trouve refuge l’emprisonnent. Cette dualité, métaphorisée par le clair-obscur, accompagne tout le film. À la manière du partage entre ombres et lumières au sein de l’image, alors que tons clairs et sombres se juxtaposent pour mieux ressortir, les diverses coexistences à l’intérieur du récit créent également cet effet de contraste. La double identité de « l’enfant », le rapport entre la vie et la mort, l’identité à la fois française et portugaise et le jeu sur un double langage, sans oublier la résonance créée entre certains personnages, pour ne citer que cela, sont autant d’éléments qui donnent de la profondeur au récit et mettent en relief ses personnages.

La nature de la représentation n’est pas non plus sans rappeler les sujets fétiches du maître italien. Des figures bibliques sont reproduites, les situations criminelles et meurtrières s’enchaînent, quand la mélancolie devient une maladie éternelle. Mais alors que les réactions des personnages, toujours hors-champs, dépassent des cadres de l’image, Bela demeure encerclé par l’ombre d’un autre qui le hante. « Je crache sur les rois, l’Église et les puissants (…) qui n’offrent que l’ombre d’un évènement » narre finalement Jacques (Loïc Corbery) alors que la naissance de la fille de l’Infante éclipse la vie d’un personnage parti en fumée. L’Enfant illumine brillamment les obscurités de l’époque, alors que la dimension cyclique de la vie reprend son cours. 

L’Enfant / De Marguerite de Hillerin et Félix Dutilloy-Liégeois / Avec Yasmin Warsame, Omar Abdi et Kadar Abdoul-Aziz Ibrahim João Luís Arrais, Grégory Gadebois, Maria João Arrais, Loïc Corbery / France, Portugal / 1h50 / Sortie le 20 avril.

Auteur : Lise Clavi

Lise. Fondamentalement indécise, mais de cinéma, définitivement éprise. Mon année à travailler pour des festivals cinématographiques, mon temps libre à cultiver mon intérêt pour l’actualité artistique. Décoller vers une nouvelle destination pour filmer de nouveaux horizons.

Une réflexion sur « L’Enfant »

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