
Derrière la mise en scène surchargée de Cédric Jimenez, il y a une certaine justesse dans cette représentation en hors-champ des attentats du 13 novembre.
Des sonneries de téléphone retentissent dans une pièce vide, prémices d’un véritable chaos ambiant : les ambulances sillonnent Paris, la DGSI s’agite, les lieux ciblés par les terroristes se multiplient. La caméra nerveuse et le montage haché ne semblent plus issus d’un film d’action mais d’un véritable cauchemar. Sans tomber dans le morbide, cette vision d’horreur retranscrit parfaitement le choc provoqué par cette nuit, au cours de laquelle a eu lieu l’attaque la plus meurtrière jamais perpétrée en France.
Passée cette introduction intense, Novembre s’empêtre dans les lourdeurs et les lieux communs du polar. Les personnages étant privés de psychologie, ils sont réduits à des archétypes : le leader charismatique, la flic fougueuse agissant hors procédure ou encore la petite frappe défiante complétement dépassée par les événements. Si les acteurs offrent des performances tout à fait correctes et bien plus sobres que dans Bac Nord, ces représentations stéréotypées affaiblissent un scénario pourtant tourné vers les procédures et les enquêtes. Il y a une vraie volonté de rendre ce récit haletant, quitte à céder aux sirènes de l’entertainment à l’américaine : rythme ciselé, caméra agitée, scènes d’action fréquentes et temps compressé. Si l’on peut pardonner la présentation de Paris sur le morceau Sorrow de David Bowie, n’y a-t-il pas quelque chose d’outrancier derrière ce montage compilant les phrases-chocs des survivants sans jamais s’intéresser à leurs ressentis ?
On peut se réjouir qu’un cinéaste français capable de réunir plus de 2 millions de spectateurs en salles s’empare de notre histoire récente pour en faire un film intense et accessible. On peut également se plaindre que ce dernier soit totalement formaté selon une certaine conception du cinéma de divertissement. Il faut prendre Novembre pour ce qu’il est : une interprétation parmi tant d’autres de cet événement choquant qui a bousculé l’imaginaire français et parisien, un fragment d’une mosaïque en cours de création.
Novembre / De Cédric Jimenez / Avec Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Sandrine Kiberlain, Jérémie Renier / 1h47 / France / Au cinéma le 5 octobre 2022.
Un fragment de la mosaïque qui a le mérite de nous replonger dans la tourmente avec efficacité et sans complaisance.
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