
Après L’un dans l’autre, Bruno Chiche fait son retour sur les écrans avec Maestro(s), un drame aux accents de comédie. Inspiré du film israélien Footnote, l’histoire est transposée chez les Dumar, chefs d’orchestre de père en fils, qui se retrouvent dans une situation indélicate lorsque la Scala est proposée au mauvais Dumar…
Exploration des rapports humains et surtout familiaux avec comme toile de fond une (re)découverte de la musique classique, Maestro(s) dresse le portrait d’un duo père-fils empêché par la compétition et la jalousie. François, le père, voit sa carrière internationale se dérober de la lumière à mesure que celle de Denis, son fils, prend de l’ampleur. Les deux hommes se toisent dans des combats de coqs au sein de la sphère intime dont les échos résonnent dans les silences de leurs opportunités professionnelles.
Ce conflit générationnel évite le mélodrame avec des pointes d’humour distillées par le duo Yvan Attal / Pierre Arditi, parfois tordant et toujours en finesse. La mise en scène classique est habilement rythmée par un crescendo qui accompagne, sans happer, vers la grande scène finale, astucieuse dans son dénouement et délivrant un bel instant musical.
Véritable force émotionnelle du film sans écraser les autres dynamiques, la musique possède son propre rythme. Pomme de discorde et agent unificateur, ses phrases opèrent une fonction phatique sur plusieurs niveaux. Elles ouvrent une voie à la modernité par Virgine, une violoniste sourde, brisent le quatrième mur pour rassembler autour de ses notes et tisser de nouveaux dialogues entre les rivalités familiales.
Maestro(s) / De Bruno Chiche / Avec Yvan Attal, Pierre Arditi, Miou Miou / France / 1h27 / Sortie le 7 décembre 2022