La Tour

Au cinéma le 8 février 2023

© Wild Bunch

Tandis que les ultimes mesures de lutte contre la COVID 19 sont enfin levées, Guillaume Nicloux propose un film de genre où les habitants d’un immeuble se retrouvent confinés chez eux, non pas menacés par une pandémie, mais pris au piège par une mystérieuse matière noire opaque, inquiétante et infranchissable. 

Original et surprenant, le concept est exposé dès la séquence d’ouverture : les 150 personnes occupant cette tour sont bloqués par un brouillard épais, qui engloutit toute chose voulant le traverser, et doivent s’adapter de manière brutale pour survivre à l’intérieur de cet espace qui devient très vite une jungle inhospitalière. 

Une fois ses enjeux mis en place, le récit se détourne de ce mystère, de son avènement et de sa résolution pour se focaliser sur le sort des habitants et observer les comportements humains dont les instincts primaires ressurgissent. Entourée par le néant, un vide inexplicable et mortel, la tour devient une micro-société où le schéma social civilisé est désormais obsolète, remplacé par la loi du plus fort et l’ensauvagement de ces individus. La crise renouvelle les rapports de force et le fossé des inégalités ethniques, sociales et religieuses se creuse à mesure que la recherche de nourriture se complique.

Construit autour de plusieurs ellipses qui font défiler les mois puis les années, le film laisse entrevoir une société qui cède peu à peu à la violence, à la barbarie. Des milices s’organisent et des guerres se fomentent dans ce huis clos infernal où les mois passent et où l’humanité se sait condamnée. Par son unité spatiale unique et oppressante, la mise en scène participe à la montée de l’angoisse, jouant d’une lumière âpre, d’une musique lancinante et d’une caméra mobile qui traverse les longs couloirs et les espaces transfigurés. 

Sans délivrer de résolution miracle, le film se déploie dans un crescendo de l’horreur vers l’extinction inéluctable de l’espèce humaine par le biais de l’épouvante. Intrigant, dense et sombre, La Tour tient en haleine durant une heure et demie par la maîtrise de la mise en scène, la performance convaincante de ces acteurs et la singularité d’un récit dont la question de l’enfermement convoque des souvenirs intranquilles dans la conscience collective post COVID 19.  

La Tour / de Guillaume Nicloux / avec Angèle Mac, Ahmed Abdel Laoui, Hatik / 1h29/ France / Sortie le 8 février 2023

Auteur : Anna Suhasini Belmudes

Simplement une provinciale venue s'enivrer de la vie parisienne, une amoureuse des vagues et du cinéma, bercée par le soleil et le train qui entre en gare de La Ciotat.

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